« Nous avons pour objectif de mutualiser nos moyens afin d’organiser une riposte offensive contre la loi asile-immigration, et plus généralement, contre les politiques racistes et impérialistes de l’État. »
Plus d’un an après une première édition à Caen, une coordination nationale de lutte contre les politiques antimigratoires s’est tenue à Villeurbanne, dans l’agglomération lyonnaise, ces 24 et 25 mars 2018. Elle a réuni près de 120 personnes, majoritairement jeunes, représentant divers collectifs d’Avignon, Aubenas, Bourg-en-Bresse, Bourges, Briançon, Caen, Calais, Grenoble, Le Mans, Lille, Paris, Tours, Turin, Veynes et Villeurbanne. Des collectifs et associations de sans-papiers, d’étudiantEs, d’occupantEs de bâtiments vides ou d’universités, d’activistes, de soutiens : tous impliqués dans les luttes de solidarité avec les migrantEs/exiléEs/sans-papiers.
Une rencontre réussie
Au menu : tour d’expériences ; ateliers sur les stratégies pour sortir de l’humanitaire et reprendre l’offensive, sur l’articulation et la convergence des luttes, sur la construction du rapport de forces dans les universités pour l’accès aux études, sur les spécificités de l’accompagnement des mineurEs isoléEs, sur l’autodéfense juridique et la résistance administrative, sur le développement d’outils de communication ; présentation du projet de loi asile-immigration ; discussions sur les luttes à venir, les stratégies et les perspectives ; enfin, élaboration d’un calendrier de mobilisation et validation d’un texte commun.
La volonté générale de construire des luttes collectives, coordonnées, de se constituer en réseau conséquent et déterminé à « frapper ensemble », de repartir avec la certitude de moyens disponibles pour contrer les politiques étatiques via un cadre pérenne, a permis de venir à bout d’un week-end chargé en discussions.
Ce que l’on peut retenir
Le projet de loi asile-immigration, dont le passage à l’Assemblée nationale en procédure accélérée est prévu pour le 16 avril, a occupé une place centrale dans les discussions. Tout le monde sait que sa promulgation ouvrirait une brèche supplémentaire dans la normalisation violente d’une société raciste de contrôle, de fichage, d’exclusion, qui serait progressivement généralisée à l’ensemble des couches populaires. Ni négociable ni amendable : nous exigeons le retrait pur et simple de ce projet de loi. Liberté de circulation et d’installation pour touTEs ! « Nous appelons à multiplier les mobilisations dès à présent et jusqu’à l’abandon définitif de la loi. »
Sur les stratégies pour y parvenir, deux points méritent d’être soulignés.
1) Une discussion cruciale a marqué le week-end, sur la place des premierEs concernéEs : sortir de l’humanitaire, construire des luttes durables, efficaces, offensives, émancipatrices, commence par l’auto-organisation. Bien qu’encore insuffisante, cette coordination a été marquée par la présence de migrantEs organisés de Lille, de Paris et de Lyon.
2) Les luttes contre les oppressions xénophobes et racistes ont peu de chances de succès si elles restent isolées. La coordination nationale a acté la nécessité d’articuler la lutte pour le retrait du projet de loi asile-immigration avec celles des cheminotEs, de la santé, de l’éducation et aussi contre les violences policières.
Le calendrier adopté reflète cette détermination, avec notamment l’appel à des actions communes avec les cheminotEs pour la liberté de circuler, et avec les étudiantEs contre la sélection dans l’éducation. Le premier rendez-vous est le 7 avril dans la rue ; mais ça ne s’arrêtera pas là et une nouvelle coordination est prévue en octobre prochain.
Ananda, Lauriane et Denis