Héliporté par l’armée de l’air sur la place d’Armes en plein centre de Calais, Hollande, pas plus que Sarkozy quelques jours plus tôt, n’aura daigné se rendre dans le bidonville, la « jungle ». Peur de se salir ? D’y attraper une maladie ? De se faire conspuer par ses habitantEs ? Quelles qu’en soient les raisons, ce boycott en dit long sur le mépris de classe que l’ancien et l’actuel locataires du Palais de l’Élysée entretiennent envers les migrantEs. « Cachez ces gueux que je ne saurais voir »...
Mais au-delà de leurs pitoyables mises en scène médiatisées, ces visites n’avaient que peu de rapport avec l’avenir des réfugiéEs de Calais dont l’un et l’autre se moquent éperdument. Sur fond de racisme et d’islamophobie galopantes, d’un électorat local en grande partie acquis aux idées du F Haine, il fallait bien que nos deux compères viennent faire leur numéro à Calais, réceptacle symbolique de tous les fantasmes, et de l’intolérance. Incapables l’un comme l’autre (et avec eux tous les dirigeants européens) de proposer un début de solution au drame humanitaire, sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, qui se joue aujourd’hui aux frontières du vieux continent, c’est – sans surprise – aux forces de l’ordre qu’ils étaient venus avant tout apporter leur soutien. À quelques nuances près, les deux discours étaient les mêmes : démantèlement immédiat de la « jungle », dispersion de ses habitantEs dans des « centres d’accueil » pour une courte durée, reconduites aux frontières, placements dans des centres de rétention...
Cette politique répressive et criminelle, déjà mise en œuvre par ce gouvernement et que la droite comme la « gauche » entendent encore durcir, ne fonctionnera pas. La liberté de circulation et d’installation, n’en déplaise à Mélenchon, font partie des droits fondamentaux inaliénables pour les internationalistes que nous sommes. De même, nous sommes résolument opposés au démantèlement du bidonville qui signifierait la dispersion des migrantEs et la fin de leur auto-organisation.
Aussi nous serons à leur côté ce samedi 1er octobre à Calais pour exiger l’ouverture de la frontière avec l’Angleterre, l’arrêt des brutalités policières, la démilitarisation de la zone portuaire et la régularisation de tous les sans-papiers. « Open the border ! » « bienvenue aux réfugiéEs ! »
Alain Pojolat