Tous nos dirigeants, François Hollande le premier, ne sont pas seulement des criminels. Ce sont aussi des hypocrites...
Criminels parce que la seule raison pour laquelle des migrants meurent et que des passeurs en profitent, c’est parce qu’on interdit l’immigration. Sans frontières, pas de morts ni de business. Alors que la Méditerranée devrait être une zone d’échanges, elle devient une zone militarisée. L’Europe fait la guerre aux migrants, et la première conséquence d’une guerre, ce sont les morts.
Hypocrites parce que les justifications reposent sur des mensonges et ne bénéficient qu’aux riches.
C’est l’Europe qui crée la misère dans les pays du Sud...
Cela ne date pas d’hier mais l’Union européenne continue d’imposer des traités inégaux au Sud. Pour ne prendre qu’un exemple, l’accord entre l’Union européenne et 15 pays d’Afrique de l’ouest dit APE (Accord de partenariat économique) interdit la taxation de produits importés d’Europe, poussant à la misère des millions de familles dépendant de l’agriculture. Ajoutons les interventions militaires, le pillage des ressources naturelles, les intérêts d’une dette pourtant plusieurs fois remboursée, et les conséquences du réchauffement climatique...
...alors que l’immigration enrichit la France
Un rapport commandé sous la présidence de Sarkozy en 2010 confirmait que l’immigration bénéficie financièrement à la France. L’auteur du rapport, l’économiste Xavier Chajnicki, chiffrait pour 2005 la contribution nette de l’immigration à 3,9 milliards d’euros. Car c’est une population jeune qui cotise plus qu’elle ne coûte socialement.
La France n’est pas un pays d’accueil
Les termes ne sont pas neutres. Concernant l’immigration, ils sont même racistes. Alors il faut le répéter : il n’y a pas d’« invasion » et la France n’accueille pas la « misère du monde ». La population étrangère est dans notre pays parmi les plus faibles d’Europe, derrière l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou l’Italie. Alors qu’elle est aujourd’hui de 5,9 % en France, elle est ainsi de 11,2 % en Espagne. À noter que les étrangers en situation illégale représentent une goutte d’eau : environ 0,3 % de la population. Et alors qu’un pays de 4 millions d’habitants comme le Liban accueille 1,3 million de réfugiéEs syriens (chiffres de l’UNHCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés), le gouvernement français, lui, vient « généreusement » de proposer d’en accueillir entre 500 et 700...
L’accroissement de la population en France est... français
En trente ans, la population française s’est accrue de 10 millions de personnes. Et la part des étrangers a baissé, passant de 6,3 % à 5,9 %. Le solde annuel de l’immigration est entre 30 et 50 000 immigréEs. Par ailleurs, il faut souligner que moins de la moitié des immigrés en France proviennent d’Afrique et du Maghreb, alors que presque la moitié viennent des autres pays européens.
Un obstacle à une véritable circulation
On parle beaucoup d’immigration mais très peu d’émigration. Or les flux migratoires se font dans les deux sens. Il y a aujourd’hui 1,68 million de Français installés à l’étranger, chiffre qui a doublé en vingt ans. Selon les démographes, la tendance actuelle des migrations est « circulaire », c’est-à-dire qu’elle n’est pas une immigration définitive. Et cela est vrai pour tous les pays. Mais c’est le renforcement du contrôle de l’immigration qui contrecarre cette tendance pour les migrantEs venant en Europe.
Levons les obstacles, pour la liberté de circulation
Les obstacles à la circulation des personnes ne limitent pas les flux vers l’Europe. Mais ils provoquent la mort de milliers de migrantEs, favorisent la militarisation de nos sociétés et le renforcement de l’État policier. Ces obstacles sont une condition à l’imposition de conditions discriminatoires pour les migrantEs en Europe. Celle-ci créent une pression à la baisse pour les salaires, les conditions de travail, l’accès à la santé, au logement, à l’éducation pour tous les travailleurEs.
La levée des obstacles à la circulation des personnes créerait les conditions d’une situation beaucoup plus fluide et équilibrée dans les échanges de population.
Denis Godard