Adeline Hazan, contrôleuse des lieux de privation de liberté, vient de rendre son rapport de visite du service de la PAF de Menton. Celui-ci dénonce, chiffres et observations à l’appui, la situation scandaleuse que subissent ceux et celles qui tentent d’entrer en France.
Durant les huit premiers mois de 2017, 29 422 majeurEs n’ont pas été admis à entrer sur le territoire français. D’abord contrôlés au faciès, puis interpellés sans que leurs droits leur soient énoncés dans une langue qu’ils comprennent. Droits niés ensuite puisque leurs éventuelles demandes, dont celles d’être protégées au titre de l’asile, ne sont ni prises en compte ni enregistrées. 10 462 mineurEs ont subi le même sort. Ils ont pourtant des droits différents, comme celui d’accéder à un service médical, à un interprète obligatoire, ou celui de bénéficier d’un administrateur social chargé de la défense de leurs intérêts. SeulEs 27 (sur 10 462 !) ont été confiés aux services de la protection de l’enfance alors que touTEs auraient dû l’être. Et le jour franc accordé aux seulEs mineurEs, pour qu’ils et elles aient le temps de s’entourer de conseils, va être supprimé dans la loi asile-immigration…
L’État hors-la-loi
CertainEs sont immédiatement refoulés, renvoyés par le train ou à pied, sans aucune procédure. Pour eux et elles c’est le déni d’existence total ! Les autres sont retenus dans un lieu de privation de liberté qui n’a quant lui pas d’existence juridique. En effet, il avait été créé à titre temporaire pour… refouler les militantEs italiens qui voulaient venir manifester lors de la COP21 à Paris ! Jamais légalisé dans la durée depuis, il sert aujourd’hui de lieu de « retenue » pour des femmes et des mineurs « parqués » dans une salle d’attente, les hommes dans des bungalows, privés d’eau, de nourriture, de soins, maintenus dans des conditions de salubrité indignes, révoltantes. Avec un maximum de pressions et d’humiliations : privés même de leurs lunettes, des téléphones portables, et pour les femmes de leur soutien-gorge ! La tension dans ce lieu est intense, les policiers assurant leur service « à la chaîne ». La politique migratoire commence par le refus de laisser entrer sur le territoire. Ils ont donc l’obligation de faire du chiffre pour garantir l’étanchéité de la frontière, et pour cela -réacheminer le plus grand nombre possible de migrantEs, au mépris total du respect de leurs droits dont celui de déposer une demande d’asile économique ou politique. Quitte à les renvoyer, au-delà de l’Italie, mourir dans leur pays d’origine.
Nous devons en finir avec ces politiques racistes, xénophobes, inhumaines et pour cela nous révolter davantage, grossir toujours plus les rangs des « délinquants solidaires », agir ensemble avec les migrantEs, notamment contre la loi asile-immigration.
Et convaincre ceux et celles de notre classe, dans nos syndicats, nos associations, que l’ouverture des frontières dès aujourd’hui serait déjà un grand pas vers un monde plus solidaire, juste et fraternel.
Roseline Vachetta