Publié le Lundi 5 juillet 2021 à 17h16.

Perpignan aux couleurs de l’antifascisme

« Perpignan, centre du monde des opposants à l’extrême droite », titrait l’Indépendant, le quotidien des Pyrénées-Orientales, au lendemain de la mobilisation du samedi 3 juillet.

Au-delà de l’allusion malicieuse aux mots de Dali baptisant la gare de Perpignan « centre du monde », la ville, dont Louis Aliot s’est emparé lors des municipales, a vu se rassembler sous un soleil de plomb quelque 3000 manifestantEs, venuEs de la région et au-delà (y compris de Catalogne sud), à l’occasion du premier jour du congrès du RN qui a intronisé Le Pen pour 2022. Toutes et tous ensemble pour exprimer dans la rue notre rejet de l’extrême droite et de ses idées réactionnaires — autoritaires, racistes, xénophobes, sexistes — qui ont gangréné la droite et même des partis auxquels il arrive encore de se dire « de gauche ».

Cortèges fournis et combatifs

Les organisateurEs (syndicats, associations, partis), regroupés dans un cadre départemental unitaire, voulaient faire de cette journée une mobilisation festive, solidaire et politique. Elle le fut. Et ce malgré une tentative d’intimidation en début de matinée, une armada policière entourant le local du NPA (ouvert pour accueillir les délégations), faisant des contrôles d’identité et même une interpellation d’un militant venu de Bretagne, vite relâché suite à nos interventions.

Il n’y a eu aucun autre incident – grâce à la présence d’un solide service d’ordre largement basé sur les syndicats. La manifestation a pu traverser sans problème les rues de la ville, se gonflant au fur et à mesure de participantEs. Derrière la banderole « Ensemble contre l’extrême droite », les représentants nationaux puis les cortèges syndicaux et associatifs, fournis et combatifs, et les cortèges politiques. Très remarqués par leur nombre et leur combativité, celui du NPA défilant derrière la banderole « Contre l’autoritarisme et l’extrême droite - Riposte sociale et antifasciste ! » et ceux de la Jeune garde et de féministes antiracistes et antifascistes. Par contre, on ne peut que regretter la faible implication et participation des formations politiques comme La France insoumise ou le PCF, au grand dam de leurs militantEs locaux dont plusieurs, et particulièrement dans les syndicats, ont été bien engagés dans la construction de la mobilisation.

Construire un mouvement uni, durable et puissant

Avant la manif, une conférence de presse avait réuni plusieurs représentantEs d’organisations nationales – dont Philippe Poutou. Notre camarade y a insisté sur le fait que « malgré sa défaite aux départementales et régionales, le RN est réellement implanté dans le décor. […] il faut un réveil populaire, un sursaut. Le combat contre l’extrême droite, ce n’est pas qu’au second tour des élections, c’est un combat de tous les jours. » Tout en rappelant la part de responsabilité d’une certaine « gauche » (de par ses « revirements, trahisons, mensonges » qui ont produit du désespoir) dans la montée de l’extrême droite, Philippe a souligné « [qu’]il est nécessaire de se battre tous ensemble. Nous sommes très satisfaits de l’aspect unitaire du combat contre les idées d’extrême droite. » Cet aspect unitaire du combat antifasciste s’est exprimé, outre dans la manifestation, dans les prises de parole à la tribune. Avant le départ de la manifestation, avec les interventions des représentants nationaux des syndicats CGT, Solidaires, FSU, CNT – et également d’un porte-parole du regroupement intersyndical antifasciste VISA. À l’issue de la manifestation, ce sont cette fois des associations locales – mais aussi des militantEs antifascistes sud-catalans – qui ont exprimé à la tribune leur combat contre l’extrême droite et les idées nauséabondes qu’elle professe. Et l’urgence de le poursuivre.

Car il faudra bien plus pour stopper la montée de l’extrême droite qui se nourrit de la crise endémique du capitalisme. Après le 12 juin, le 3 juillet est une nouvelle étape – un point d’appui – pour construire un mouvement qui soit uni, durable et suffisamment puissant pour en finir avec l’extrême droite et ses idées. Des actions toujours plus larges et déterminées, un travail quotidien de terrain auprès des classes populaires et une alternative politique qui réponde à leurs besoins et aspirations.

Antifascistes, tant qu’il le faudra

Une perspective doit être l’organisation de week-ends de discussion et de débat, des rencontres sociales antifasciste, partout dans le pays à l’automne prochain.

La campagne présidentielle sera également un temps de mobilisation antifasciste : nous ne voterons peut être pas touTEs pour les mêmes candidats mais il nous faudra réussir à nous unir pour empêcher l’extrême droite de se construire, en intervenant sur les marchés et à la porte des entreprises, en organisant des meetings et des réunions publiques.

Cette campagne sera enfin l’occasion pour nous d’avancer des propositions utiles à la construction d’une résistance d’ensemble. En articulation avec les mobilisations contre l’extrême droite et pour la défense des libertés publiques, il nous faudra aussi lutter contre les régressions sociales qui font le terreau du RN et de l’extrême droite afin de faire la démonstration que des solutions collectives à la crise existent.