C’est sur la frontière catalane entre la France et l’Etat espagnol, au Perthus (département des Pyrénées-Orientales), qu’a eu lieu, dans le cadre de l’initiative européenne Stop Dublin Campaign (qui a mobilisé plusieurs milliers de manifestantEs), la marche « Sauvons le droit d’asile ! Stop Dublin », samedi 25 mai.
Date hautement symbolique : la veille des élections dans une forteresse-Europe de plus en plus raciste – et dont la procédure Dublin (décrétant que les réfugiéEs doivent déposer une demande d’asile uniquement dans le premier pays européen par lequel elles/ils sont entréEs)est une des chevilles ouvrières.
Mais lieu également hautement symbolique où sévit avec un zèle particulier la sinistre PAF (Police de l’air et des frontières) pour rafler les migrantEs qui tentent de poursuivre leur chemin en Europe, l’Espagne étant devenue la principale porte d’entrée sur le continent. Symbolique aussi parce que l’on commémore cette année les 80 ans de la Retirada (« Retraite ») et que ce fut un des principaux passages empruntés par des centaines de milliers de RépublicainEs espagnolEs qui, chasséEs par le franquisme, venaient chercher refuge en France. EnferméEs dans des camps, elles/ils furent traitéEs eux aussi de façon abjecte par le gouvernement d’alors (issu du Front populaire) comme des « indésirables ».
Selon la presse locale, nous étions 250 personnes qui, aux côtés d’une vingtaine de réfugiés africains et est-européens et derrière des banderoles colorées et trois immenses portraits de migrants (réalisés par des artistes solidaires), avons entamé une marche particulièrement combative dans les rues de la ville frontalière résonnant des slogans « Stop Dublin ! Stop expulsions ! Contre la loi Asile, régularisations ! ». Une marche qui s’est achevée par l’occupation de l’ancien poste de douane où ont eu lieu plusieurs prises de parole. La présence de délégations venues en Pays catalan depuis toute l’Occitanie exprime l’importance d’organiser des réseaux de solidarité au niveau régional en réponse à la régionalisation du traitement des dublinéEs dont une des fonctions, outre d’expulser plus vite les migrantEs, est de briser les résistances et réseaux solidaires existants.
L’importance aussi de les organiser au niveau national et européen afin de construire le rapport de force indispensable pour mettre un terme à ce déni d’humanité. Car, comme l’a exprimé une des organisatrices de la mobilisation, « l’Union européenne a déclaré la guerre à des ennemis qu’elle s’est inventé : les migrants. Elle a fait de la Méditerranée sa chasse gardée mettant à sa botte à coup de millions d’euros les gouvernements des pays du Maghreb, du Moyen-Orient et d’Afrique pour enfermer leur propre population […]. Les morts en Méditerranée continuent : pour le seul mois de janvier, 203 personnes se sont noyées en mer Méditerranée. Et, dans le même temps, on assiste à d’ignobles marchandages entre les pays européens, dont la France, pour ‘’se partager’’ quelques dizaines de migrants sauvés par miracle puisque la solidarité est criminalisée, en mer comme sur terre et que désormais aucune ONG n’est autorisée à secourir les naufragés en Méditerranée […].
« Les politiques migratoires indignes menées par tous les pays européens ont déchaîné les vents mauvais du racisme et de la xénophobie. Ce n’est pas de cette Europe que nous voulons mais d’une Europe fraternelle, et sans frontières ! C’est ce que nous voulons exprimer par cette manifestation ! »
Josie et Jean (NPA 66)