En ligne sur http://lemuz.org.Il fallait y penser : créé en 2009, Le Muz, premier musée dédié à l’art enfantin, reste unique en France. Quel est l’intérêt d’un tel projet ? La question est légitime car il serait bien démagogique, sous prétexte d’aimer les bambins, de prétendre que l’art saurait se dispenser d’apprentissage. Est-ce la raison pour laquelle les personnes à l’origine de cette structure n’ont trouvé personne pour investir dans la fabrication d’un bâtiment qui pourrait abriter ces œuvres, ou tout simplement le risque de passer pour des gens « pas très sérieux » ? Ce musée est donc virtuel, ce qui est tout à la fois un pis-aller – plus personne ne doute de sa lassitude après deux mois de loisirs sur canapé – et une aubaine en terme d’accessibilité. Pas besoin de se jeter dessus pendant le confinement, il restera disponible après.
Plus de 4 000 œuvres
Le Muz rassemble ainsi plus de 4 000 œuvres réalisées par des enfants, datées et classées par thèmes, toutes techniques confondues, qu’on aura intérêt à faire défiler dans un ordre aléatoire pour mieux se laisser surprendre et étonner.
Quelquefois encouragéEs et repéréEs dans le cadre de l’école, beaucoup de ces artistes débutants (ou « de circonstance » ?) se montrent bien sûr quelquefois un peu sous influence, alors que d’autres – plus rares et pas forcément les moins jeunes – montrent une vraie maîtrise au service d’une esthétique singulière.
Sans confondre cette catégorie avec l’art brut, on peut néanmoins observer comme similitudes évidentes une spontanéité et une inventivité qui les distinguent de l’art marchand. Qui a pénétré dans une exposition d’art brut pour la première fois a probablement ressenti l’émotion intense née de la rencontre avec des individus fragiles, se dévoilant totalement, sincères et sans filtre. C’est cette même liberté que l’on retrouve ici, qui peut conduire aux accidents heureux voire à la franche admiration.Il ne s’agit évidemment pas de dénigrer les artistes professionnels qui aspirent légitimement à se faire un nom et vivre de leur activité, mais le marché de l’art (défiscalisé !) a ses nombreux travers et il est bien reposant, au cours de cette balade, de les voir totalement écartés.
Qu’est-ce qui est digne d’être montré en art ? La technique, l’expérience... ou est-ce qu’il suffit d’un geste singulier ? Pour celles et ceux qui se poseraient encore la question, ce musée virtuel, à visiter avec ou sans enfants, apporte un début de réponse.