Après trois années de hausse, le revenu des agriculteurs a plongé en 2013, de 35 % selon l’INSEE, de 22 % selon le ministère de l’Agriculture (qui exclut de ses chiffres les plus petites exploitations). Hormis 2009, c’est le niveau de revenu le plus bas depuis 1993.
Les agriculteurs subissent la hausse du prix de leurs intrants (notamment les engrais et l’alimentation animale) alors que leurs prix de production baissent globalement.Même si les revenus des gros céréaliers baissent fortement cette année, les inégalités sont très importantes entre agriculteurs. Si le revenu moyen s’approche de 2 500 euros, environ un quart des agriculteurs gagne moins que le Smic.Les subventions perçues par les agriculteurs baissent à nouveau cette année, alors qu’elles devraient logiquement compenser leur manque à gagner. Et il y a un vrai risque que le jeu de la concurrence « libre et non faussée » élimine les agriculteurs les plus fragiles et détruise l’agriculture familiale (promue longtemps pour des raisons électorales) au profit des grandes exploitations.
Endettement et suicideDepuis une dizaine d’années, les agriculteurs subissent des fluctuations importantes de leur revenu d’une année sur l’autre. Ils vivent dans la peur, le stress, d’autant plus que leur endettement (et notamment celui des plus jeunes) augmente. Un agriculteur se suicide tous les deux jours.Les intérêts de la grande majorité des agriculteurs, les paysans, divergent radicalement des gros exploitants défendus par la FNSEA. Ce syndicat réactionnaire mobilise en outre actuellement contre la limitation de l’utilisation de pesticides (à proximité des écoles), au mépris de la santé publique. Une fracture de classe oppose ainsi ceux qui vivent uniquement de leur travail et ceux qui surexploitent des travailleurs agricoles.Il faut exproprier ces agriculteurs capitalistes et garantir un revenu minimal de 1 700 euros par mois pour tous (avec des prix administrés stables et une redistribution radicale des aides). Il faut également encourager les paysans à se regrouper (mutualisation des outils, exploitations collectives, etc.) et à faire de la qualité avec des méthodes qui préservent l’environnement. Pour satisfaire les besoins de la population, nous avons besoin d’une agriculture socialiste, non productiviste, et avec plus de paysans.
Gaston Lefranc