Après la décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise de réattribuer à Total son permis abrogé en octobre 2011, les collectifs du Sud-Est ont immédiatement réagi et préparé la mobilisation.
Barjac, bourgade de 1 500 habitants à la limite nord du Gard avec l’Ardèche, avait bien organisé l’accueil des manifestantEs contre l’exploitation du gaz de schiste dimanche 28 février. La grande place, décorée de banderoles et de stands, s’est remplie dès le matin, malgré le ciel gris, et animée par des musiciens.
Dès le début des prises de parole, le ton est donné par l’organisateur : « Nos vies valent plus que leurs profits ! » puis ont alterné soutien des élus et dénonciation par les collectifs de la poursuite de l’attribution de permis. Le soleil s’imposant, près de 15 000 manifestantEs, déterminés, inventifs et vigilants, ont fait le tour du village l’après-midi.
Le « droit d’expérimenter » ?
La vigilance est nécessaire, car l’argutie juridique utilisée pour rétablir le permis de Total – qui utilisait dans le rapport sur son permis le terme de « stimulation de la roche » au lieu de celui de « fracturation hydraulique » interdit par la loi de juillet 2011 – peut faire jurisprudence...
Le gouvernement a fait appel du jugement, mais c’est la révision de la loi Jacob pour interdire cette exploitation qu’il faut viser. Le député UMP Christian Jacob ne réclamait-il pas récemment le « droit d’expérimenter »prévu dans la loi, mais non appliqué ? Aucune autre technique de forage que la fracturation hydraulique n’existant, n’est-ce pas un blanc-seing donné à l’attribution de nouveaux permis ?
Forte de cette mobilisation réussie, de la signature par 300 élus présents de l’appel national des collectifs, la résistance se poursuivra. Augmenter le rapport de forces, faire converger les mouvements en faveur d’une transition énergétique anticapitaliste, tel est l’enjeu actuel.
Gérard Gagnier