Il ne faut pas confondre météo et climat. Pourtant, la période particulièrement chaude du 19 au 22 juin pourrait, sous l’effet du dérèglement climatique global, en annoncer d’autres...
Avec 32 à 38°C l’après-midi, les maximales ont atteint jusqu’à une douzaine de degrés au--dessus des moyennes saisonnières et les températures, qui ne sont pas descendues en-dessous de 22 ou 23°C, ont battu les records de chaleur nocturne pour un mois de juin. Selon Météo-France, cet épisode est « remarquable par son intensité et sa précocité ». Les canicules survenaient jusqu’alors en France principalement entre début juillet et mi-août. La vague de chaleur tardive de fin août 2016 avait aussi constitué un événement rare.
Les projections climatiques réalisées sur la France métropolitaine indiquent que d’ici la fin du siècle, les vagues de chaleur pourraient être bien plus fréquentes qu’aujourd’hui, plus sévères et plus longues, plus précoces ou plus tardives qu’actuellement. Dans un scénario « sans politique climatique » (scénario RCP 8.5 du GIEC), elles pourraient ainsi survenir de mai à octobre...
RéchaufféEs, polluéEs...
Forte chaleur se conjugue avec pollution accrue. Pollution d’abord à l’ozone, résultat de la transformation des oxydes d’azote (Nox) et des Composés organiques volatils (COV) qui réagissent ensemble sous l’effet de la chaleur et de l’ensoleillement. Cette pollution est directement liée au trafic routier.
Les effets sur la santé sont multiples ; respiratoires, les insuffisantEs respiratoires et les asthmatiques étant les plus vulnérables, ils sont aussi cardiovasculaires et responsables de près d’un tiers de la mortalité liée aux AVC et aux infarctus.
… Et stigmatiséEs !
Nouveau sujet à la mode pour condamner les incivilités en banlieue, la presse et les réseaux sociaux s’indignent de ce « street pooling ». Seules solutions, le conseil santé : « n’oubliez pas de boire » ; le patronage : « Allez à la piscine, les jeunes... » ; la répression, comme à Saint-Denis, où la police n’hésite pas à gazer des collégiens qui pataugent ; et vague mention « d’îlot de chaleur urbain » dans une obscure action d’un « plan climat territorial » déjà caduc.
Malgré les problèmes de gaspillage d’eau et les risque d’accidents en tout genre, les ouvertures sauvages de bouches à incendie sont-elles plus irresponsables que la passivité des autorités face aux épisodes de canicule ? Car la triste réalité, c’est bien l’absence effective de prise à bras-le-corps du changement climatique et de ses conséquences dans l’aménagement urbain. Les « sauvageons » des quartiers populaires viennent le rappeler : nos villes ne sont pas faites pour les degrés supplémentaires à venir... Mais on préfère parler de délinquance plutôt que de climat !
Une menace croissante
On sait déjà que ces vagues de chaleur ont des conséquences sanitaires graves. La canicule du mois d’août 2003 avait entraîné une surmortalité de près de 60 %, soit près de 15 000 personnes en France. Mais une étude publiée le 19 juin dans la revue Nature Climate Change établit qu’au-delà d’un certain seuil de température et d’humidité, les conditions climatiques deviendraient mortelles pour l’homme.
Ces chercheurs ont déterminé qu’en 2000, plus de 30 % de la population mondiale a subi au moins 20 jours dans ces conditions fatales. En 2100, ce pourcentage pourrait atteindre 48 % dans un scénario avec une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, et 74 % dans un scénario d’émissions croissantes ! Les zones tropicales et urbaines seraient les plus touchées. Et dans tous les cas, les plus pauvres restent les plus vulnérables...
Commission nationale écologie