Publié le Mercredi 2 juillet 2025 à 09h00.

Vers les 100 000 détenuEs dans les prisons françaises ?

Lundi 30 juin, 37 °C degrés à l’ombre à Nantes… et à la maison d’arrêt de Carquefou, où près de 1 000 détenuEs se partagent 508 places théoriques. La situation est la même à peu près partout. La canicule en cours atteint particulièrement les détenuEs des prisons françaises, en particulier dans les maisons d’arrêt surpeuplées. 

Refus de remonter de promenade et altercations se multiplient, les prisons sont au bord de l’explosion mais Darmanin continue dans son déni de réalité et ses solutions que l’on croirait bricolées au coin d’un comptoir : 3 000 nouvelles places en préfabriqué, pardon, en « structures légères modulaires », dont on ne voit pas bien comment les détenuEs pourraient y vivre lors des épisodes caniculaires qui se multiplient, et projet d’envoi de détenuEs en Allemagne ou en Espagne. 

L’autre solution choisie par Darmanin pour réguler la surpopulation pénitentiaire est de s’en prendre aux détenuEs étrangerEs, les excluant des aménagements de peine, mettant des obstacles insurmontables au renouvellement des titres de séjour en détention, etc.

Il s’agit là d’abord, en concurrence avec Retailleau, d’apparaitre comme le plus raciste et le plus répressif pour complaire au Rassemblement national et à son électorat. Reprenant ainsi sans complexe l’antienne du RN assimilant délinquance et immigration, alors que l’on sait que les étrangerEs sont nombreux en prison parce que plus contrôlés, plus interpellés, plus jugés et condamnés en comparution immédiate, et en dernière analyse plus ciblés par la police et la justice d’un État bourgeois fondamentalement raciste.

La politique pénale de plus en plus répressive, l’absence de politique d’alternative à l’incarcération, le « tout-répressif » assumé par les politiciens bourgeois de droite, d’extrême droite, et parfois même de « gauche », mène à une explosion des condamnations à des peines de prison ferme et à l’augmentation sans fin du nombre de détenuEs : 84 447 au 1er juin 2025. À ce rythme le chiffre de 90 000 détenuEs devrait être atteint avant la fin de l’année et la barre des 100 000, franchie en 2026.

Une autre politique pénale et pénitentiaire est possible et nécessaire, avec des mesures d’urgence concernant les alternatives à l’incarcération, comme le réclament les syndicats des services d’insertion et de probation, le Syndicat de la magistrature et les associations intervenant en détention. Il y a urgence !