L’ONU organisait du 22 au 24 mars une conférence mondiale pour proposer des solutions « révolutionnaires » (sic) à la crise mondiale de l’eau douce.
La dernière conférence de ce type datait de 1977, 46 ans ! L’occasion de multiples cris d’alarme sur le danger imminent et de déclarations de bonnes intentions. Quant aux actes : rien !
Une situation d’ores et déjà dramatique...
Si la crise de l’eau est mondiale, la répartition de sa consommation donne une bonne image des inégalités : la consommation domestique moyenne par personne et par jour est de 20 litres au Sénégal, 200 litres en Europe et 300 aux États-Unis.
Selon l’ONU, 2,3 milliards d’habitantEs vivent dans des pays en situation de stress hydrique et deux milliards d’entre eux n’ont pas accès à l’eau potable.
En outre, près de la moitié de la population mondiale ne dispose pas de toilettes, latrines ou autre système d’assainissement correct. Au moins 2 milliards d’êtres humains n’ont accès qu’à une eau contaminée, qui les expose au choléra, à la dysenterie, à la typhoïde, à la poliomyélite… Selon l’ONG Action contre la faim, « sur le continent africain, 27 % de la mortalité infantile sont encore liés aux maladies hydriques ».
La crise de l’eau a un effet direct sur la santé, sur la production agricole et sur la capacité de se nourrir, elle provoque aussi de nombreux conflits comme entre l’Égypte et l’Éthiopie, entre l’Inde et le Pakistan ou au Moyen-Orient.
… qui va encore s’aggraver
Les causes de cette crise se combinent et s’additionnent : demande croissante, pollution, réchauffement climatique.
L’agriculture et l’élevage industriels sont directement responsables et coupables tant de l’accaparement des ressources en eau (dont les mégabassines sont un exemple flagrant) pour le recours croissant à l’irrigation pour des monocultures souvent destinées à la nourriture animale, que de leur pollution par les traitement chimiques, pesticides et autres, ou encore de l’eutrophisation par l’utilisation massive d’engrais azotés, les élevages intensifs et la déforestation.
L’artificialisation des terres par et pour des infrastructures routières, des bétonnages et projets inutiles de zones commerciales et industrielles détruisent aussi la ressource en eau. Plus de 85 % des zones humides ont été détruites. Il faut aussi ajouter les pollutions aux plastiques et médicamenteuses…
Enfin le changement climatique perturbe profondément le cycle hydrologique, provoquant de plus en plus de sécheresses et multipliant les inondations en particulier dans les zones tropicales.
Si les causes sont multiples, elles ont toutes en commun le productivisme capitalisme. Alors oui, il faut des réponses radicales à cette crise mondiale : faire de l’eau un bien commun inappropriable, transformer radicalement l’agriculture, rendre justice aux pays du Sud, sortir des énergies fossiles pour enrayer le changement climatique… Rien de tel à l’ordre du jour d’une conférence à l’issue de laquelle ne sont prévus ni accord ni traité (c’était la condition de la tenue de la conférence) et moins encore de décisions contraignantes pour les États et les capitalistes.