Stellantis1 a réalisé huit milliards d’euros de bénéfices au premier trimestre, avec un chiffre d’affaires de 88 milliards d’euros en hausse de 17 %. Sans oublier une rentabilité de 14 %, un chiffre encore jamais atteint par un constructeur généraliste en Europe.
Stellantis est ainsi devenu le troisième constructeur automobile le plus rentable derrière Tesla et Mercedes. Cela est directement lié à l’exploitation de celles et ceux qui produisent les voitures sur tous les continents du monde : on peut donc en déduire du jamais vu dans l’exploitation du travail des salariéEs.
Baisse des ventes, hausse des bénéfices
Les résultats de Renault, certes différents, ont toutefois des motifs de satisfaire actionnaires et financiers. Le départ de Renault de Russie, son deuxième marché en termes de ventes, lui aurait coûté 2,3 milliards d’euros selon les comptes publiés en juillet. Le conditionnel est obligatoire car ce chiffre n’est pas de l’argent net sorti des caisses de l’entreprise, mais est le résultat d’évaluations comptables plus ou moins arbitraires. Dans ce contexte, la perte serait de 1,35 milliard d’euros : près d’un milliard d’euros rattrapé en six mois… Et la rentabilité atteint le niveau de 5 %. moins que chez Stellantis, mais plus que du temps de Carlos Ghosn !
Les firmes automobiles réussissent à obtenir ces résultats records en produisant et en vendant moins. Ainsi, en Europe, les ventes ont continué de reculer, moins 14 % par rapport à l’année précédente. Au total monde, Stellantis a vendu 7 % de voitures en moins et Renault 12 % (en excluant la Russie ).
Dans toutes les usines européennes, et en particulier en France, les premiers mois de l’année 2022 ont vu se poursuivre les désorganisations de la production avec la multiplication des journées de chômage technique suite notamment à la crise non encore terminée de l’approvisionnement en semi-conducteurs. Les travailleurEs en ont payé les conséquence. Pas les firmes, leurs propriétaires et leurs actionnaires. La preuve par les résultats financiers !
Des voitures de plus en plus chères
En fait, les firmes automobiles produisent moins de voitures tout en gagnant plus, et en vendant chaque voiture de plus en plus cher, c’est-à-dire des véhicules de plus en plus lourds et puissants. Leurs clients, ce sont les entreprises qui représentent aujourd’hui plus de la moitié des achats de voitures, et une minorité qui peut acheter une voiture neuve. Le prix moyen d’une voiture en France est de 28 000 euros. Avec la montée des inégalités de revenu et de patrimoine, les firmes automobiles savent où se trouve le fric disponible des acheteurs potentiels.
Cette tendance à l’augmentation du prix des voitures est à l’œuvre depuis une dizaine d’années. Elle éclate aujourd’hui et va se poursuivre avec le passage aux motorisations électriques encore plus chères et encore davantage réservées à une minorité. Cette tendance va bien sûr trouver des limites car les plus riches des acheteurs sont une catégorie qui n’a pas vocation à s’étendre, et la concurrence entre capitalistes pour se partager ce gâteau va s’exacerber.
Déjà en 2021, le bénéfice total réalisé par les seize principaux constructeurs s’était élevé dans le monde à 134,2 milliards d’euros, ayant plus que doublé par rapport à l’année précédente. Pour le premier semestre de cette année, cela continue. Les faits sont là : le passage à l’électrique bouleverse déjà les conditions de travail, et représente une opportunité pour les firmes automobiles d’accroître encore leurs profits. Ne pas les laisser faire, c’est bien l’urgence de l’heure !
- 1. Stellantis est né en janvier 2021 de la fusion du groupe français PSA Peugeot-Citroën et de Fiat Chrysler Automobiles (FCA).