Le 25 septembre avait lieu, à Concarneau, le baptême du Scrombus, chalutier-usine géant de nouvelle génération de 81 mètres de long et 17 de large. Avec un équipage de seulement 26 hommes, il peut ramener 80 tonnes de poissons en une seule prise dans ses filets et les congeler instantanément. Il est le symbole d’une pêche industrielle, écologiquement et socialement destructrice.
Loin du conte de fées de « l’attachement » de l’armateur Geoffroy Dhellemmes à sa ville d’origine, l’immatriculation du Scrombus à Concarneau n’a d’autre but que d’accaparer les quotas de pêche européens attribués à chaque port, au détriment de la pêche artisanale dont l’avenir s’obscurcit encore avec la perspective d’un Brexit dur. Construit dans des chantiers norvégiens, le Scrombus n’aura fait qu’un passage d’une semaine à Concarneau où il ne reviendra sans doute jamais.
MobiliséEs malgré l’interdiction
Dédié à la pêche d’espèces pélagiques (hareng, chinchard, maquereau…) il est la propriété de l’armement France-Pelagique, une filiale du groupe néerlandais Cornelis Vrolijk qui emploie 2 000 salariéEs dans le monde. Il déversera ses cargaisons estimées à 2 000 tonnes par marée dans les ports des Pays-Bas, d’où elles seront réexpédiées pour alimenter le marché du poisson à bas coût en Afrique, en Asie et en Europe de l’Est.
Sans doute pour montrer le soutien du gouvernement à la « modernité » de la pêche industrielle contre les « Amish » attardés de la pêche artisanale, deux ministres (Agriculture et Pêche) devaient assister à la cérémonie… avant d’annuler face à la tournure des événements.
L’émotion et la colère se sont exprimées en Bretagne et bien au-delà, mobilisant à la fois les pêcheurs et les défenseurEs de l’environnement. Des « funérailles de la pêche artisanale » étaient annoncées par les associations Pleine mer et Petite pêche, soutenues par des ONG comme Bloom, Attac Concarneau, et des forces politiques de gauche, EÉLV, La France insoumise, Génération.s, ainsi que le NPA 29.
Comme cela devient la règle en Macronie, le préfet du Finistère avait décidé d’interdire la manifestation… ce qui n’a pas empêché 200 manifestantEs de se réunir face au navire protégé par la police et de gâcher une cérémonie officielle en faisant entendre haut et fort l’exigence d’une pêche écologiquement et socialement responsable.