Pendant les 10 premiers jours du printemps, c’est la période de reprise des épandages de pesticides, c’est l’occasion de cerner les enjeux tant sanitaires qu’environnementaux des pesticides pendant la Semaine pour les alternatives aux pesticides.
Si c’est la pollution atmosphérique qui fait parler d’elle cette semaine, les pesticides utilisés en grandes quantités depuis les années 50 par l’agriculture intensive ne sont pas non plus à négliger (cancer, malformations congénitales, problèmes d’infertilité, problèmes neurologiques ou encore système immunitaire affaibli), comme le montrent les dernières études de l’INSERM. L’OMS a aussi estimé qu’il y a chaque année dans le monde 1 million de graves empoisonnements par les pesticides, avec quelque 220 000 décès.En France, la Mutualité sociale agricole (MSA) qui a en charge la médecine du travail et la prévention des risques professionnels des salariés agricoles, a trouvé des effets indésirables chez près d’un manipulateur sur 6, lors d’enquêtes portant sur une année d’utilisation professionnelle de pesticides. La MSA recense pas moins de 45 cas de personnes ayant obtenu la reconnaissance en maladie professionnelle du fait d’une exposition (aiguë ou chronique) aux pesticides (14 exploitants et 31 salariés agricoles).
Catastrophe sanitaireCes données sous-estiment très probablement la réalité de l’ampleur de la catastrophe sanitaire qui touche le monde paysan. La MSA semblant peu aider les salariés et protégerait même « le productivisme et les grandes firmes », selon Laurent Guillou, l’un des deux anciens salariés intoxiqués au sein de Nutréa-Triskalia. En témoigne aussi la toute jeune association Phyto-victimes qui a vu le jour en mars 2011 sous l’impulsion des salariés et paysans eux-mêmes. Une lente prise de conscience du côté des agriculteurs qui sont de plus en plus nombreux à remettre en question le tout-chimique, qu’ils aient touché les limites économiques de cette pratique qui finit par appauvrir leurs sols ou qu’ils aient compris les dangers pour eux, leurs proches, l’environnement et le consommateur, de l’agriculture intensive. La France figure toujours parmi les premiers utilisateurs de produits phytosanitaires en Europe...Le NPA revendique une agro-écologie paysanne par la sortie des intrants chimiques (engrais et pesticides) en moins de 10 ans et par une réforme de la PAC. Il soutient les travailleurs et paysans victimes des produits phytosanitaires comme ceux qui disent non aux pesticides. C’est ce que vient de faire Emmanuel Giboulot, viticulteur bio qui a reçu une amende de 1 000 euros pour avoir refusé de traiter ses vignes.
CorrespondantEs de la commission nationale écologie