Construire 16,5 km d’autoroute pour « désenclaver le Chablais » : c’est la volonté du département de la Haute-Savoie et du ministère français de la Transition énergétique (sic). C’est fin 2019 que le projet a été déclaré d’utilité publique, quelques jours à peine après l’inauguration du Léman Express – que cette autoroute longerait. Les recours déposés par les villes de Genève et Carouge, EÉLV, Attac 74, la Confédération paysanne mais aussi des riverainEs et des agriculteurEs ont tous été rejetés en bloc le 30 décembre dernier par la plus haute autorité juridique française. La construction de cette A412 détruira pourtant plus de 150 hectares de forêts et prairies, zones humides et terres agricoles, menaçant l’existence de plusieurs fermes.
Cet aspirateur à voitures coûtant plus de 230 millions d’euros fera concurrence au Léman Express, alors même que l’urgence est à un transfert massif vers les transports publics. Pire encore : comme la plupart des projets routiers, ce projet va générer une demande induite de trafic. En effet, l’autoroute va rendre l’usage de la voiture encore plus attractif et créer de nouvelles habitudes motorisées, ceci en contradiction totale avec les objectifs climatiques, notamment du Canton de Genève, dont le plan climat prévoit une diminution de 40 % du trafic motorisé d’ici 2030. Or, près de la moitié des 15 000 véhicules/jour sur cette autoroute se dirigeront vers Genève, au risque de saturer les douanes, puis les communes de la rive gauche du Canton.
L’un des prétextes pour réaliser cette A412 est de soi-disant « soulager » les localités du Chablais sinistrées par le trafic. Mais dans une région où la plupart des déplacements en voiture sont locaux et donc pas substituables par l’autoroute, celle-ci risque bien de ne pas changer la situation. Tout allègement du trafic n’y sera au mieux que temporaire puisque l’autoroute ne fera que renforcer la dépendance automobile, renforçant ainsi un vieux cercle vicieux…
Aux dernières nouvelles, l’oubli d’inscription du projet dans le plan local d’urbanisme devrait retarder de quelques mois le début des travaux, car de nouvelles études d’impact environnemental doivent être réalisées. De quoi donner un peu de temps pour construire une solidarité transfrontalière avec les organisations mobilisées sur le terrain pour faire échouer ce projet d’un autre temps.
Publié dans le n°400 de solidaritéS (Suisse)