Publié le Vendredi 3 janvier 2014 à 09h48.

Croissance, chômage : la vérité si je mens

Deux expressions reviennent régulièrement dans la bouche de Hollande et Ayrault : « la reprise est là » et « inversion de la courbe du chômage ». Sur ces deux plans, le pouvoir a été démenti dans les derniers jours de 2013... Mais cela ne l’empêchera pas de persévérer dans ses mensonges en 2014 !

La note de conjoncture de l’Insee publiée le 19 décembre confirme en fait ce qui a déjà été écrit dans votre hebdomadaire préféré : la France passe de la récession à la stagnation. Comme le dit le chef du département de la conjoncture de l’Insee cité par les Échos : « Une vraie reprise, ce n’est pas une croissance de 0,2 % par trimestre ». 0,2 % par trimestre, c’est ce que prévoit l’Insee pour les six premiers mois de 2014. Sur l’ensemble de l’année 2013, le produit intérieur brut (PIB) a sans doute progressé de 0,2 % et, sur l’année 2014, son augmentation sera inférieure à 1 %.L’Insee est pessimiste pour l’investissement. Il annonce qu’en juin prochain le taux de chômage atteindra 11 % malgré les dizaines de milliers de contrats aidés créés sur fonds publics. En effet, les entreprises continuent à supprimer des emplois : le nombre de postes supprimés en 2013 est évalué à  80 000, dont 54 000 dans l’industrie. Et la baisse continuerait, à un rythme ralenti, au 1er semestre 2014.

Hollande et Ayrault veulent nous bernerPubliés le 26 décembre, les chiffres du chômage ont confirmé le pronostic de l’Insee : le nombre de demandeurs d’emploi n’ayant exercé aucune activité (catégorie A) a augmenté de 17 800 en novembre. Il atteint 3 293 000, dont 537 000 jeunes de moins de 25 ans. En effet, malgré les « emplois d’avenir », le chômage des jeunes remonte. Du fait du report de l’âge de la retraite, de plus en plus de personnes de plus de 50 ans sont inscrites au chômage. Enfin, le nombre de chômeurs de longue durée dépasse 2 millions de personnes. Au total, 4 876 000 personnes sont inscrites à Pôle emploi et sont immédiatement disponibles pour travailler (même si certaines d’entre elles ont un petit boulot pour survivre), et 656 000 autres personnes sont inscrites et ne sont pas immédiatement disponibles (formation, stages, maladie) ou ont un emploi qui ne les satisfait pas.Tout cela n’empêche pas Hollande et Ayrault de continuer à soutenir que l’on va dans la bonne direction. Quant au patronat, il en veut toujours plus. Il se sert largement en rémunérations et en retraites-chapeaux... mais se plaint de ne pas faire assez de profits. C’est vrai que sur ce plan, les patrons français sont à la traîne par rapport à l’Allemagne et à d’autres pays européens. Il faudrait donc que l’État soit encore plus attentionné à leur égard et que les salariés acceptent avec le sourire soit d’être licenciés, soit de voir leur salaire comprimé. On peut faire confiance au gouvernement pour ne pas les contrarier en 2014.De dangereux marchands d’illusion, du côté du Front national en particulier, soutiennent que  tout est la faute à l’euro. En réalité, euro ou pas, le capitalisme est le capitalisme : il y un antagonisme fondamental entre les intérêts de ceux dirigent les entreprises et les banques et la grande masse de la population. C’est cette vérité fondamentale que la soi-disant gauche au pouvoir essaie de dissimuler.

Henri Wilno