Le 24 février, alors que la Grèce est paralysée par la grève générale, une délégation de l’Union européenne débarque à Athènes pour contrôler la mise en place des mesures d’austérité exceptionnelles imposées à ce pays.
Le gel des salaires dans le secteur public, la suppression des primes, un allongement de deux ans de l’âge de départ à la retraite et une augmentation des taxes sur les carburants, le tabac, l’alcool et l’immobilier sont jugés insuffisants par l’élite dirigeante européenne. Des mesures similaires à celles déjà imposées en Irlande et impliquant une réduction de salaire de 20% dans le secteur public, des augmentations d’impôts et des coupes dans les prestations sociales seront sans doute exigées.
Un pays souverain est mis sous tutelle par des institutions européennes qui n’ont ni la légitimité du vote populaire, ni celle des traités signés. C’est une première dans l’histoire de l’Union européenne.
Les institutions européennes tiennent leur mandat des marchés financiers. Le Premier ministre du Luxembourg et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a clairement dit que la zone euro ne ferait que mettre en œuvre les exigences des marchés financiers: « Si les marchés mettent en cause la démarche grecque, des mesures additionnelles devront être prises. La zone euro n'interviendra que lorsque cela aura été fait. »
Le 23 février, c’était les travailleurs espagnols qui manifestaient contre le report à 67 ans de l’âge de la retraite. Dans les semaines qui viennent d’autres pays européens connaîtront le même scénario, attaque spéculative sur la dette, puis imposition d’un plan d’austérité. Les mesures imposées dans chaque pays deviendront de plus en plus brutales.
Incapables de lutter contre le chômage, incapables de se mettre d’accord sur une politique industrielle, incapables de faire face à leur responsabilité devant la crise climatique, les dirigeants européens mènent la charge contre la classe ouvrière.
La Commission européenne est en train d’élaborer un « projet directeur » pour la croissance et l’emploi, appelé « Europe 2020 » et qui devrait être prêt le mois prochain. Celui-ci sera inévitablement, de la part de l’UE et des gouvernements qui la composent, une déclaration de guerre économique et sociale à la population laborieuse. Un débat alarmant s’est même ouvert dans les cercles dirigeants européens sur le niveau de répression étatique nécessaire pour atteindre leurs objectifs.
Pour sortir vainqueur de cet affrontement, il faut d’urgence unifier le combat social à l’échelle européenne et dénoncer ces institutions de l’Union qui préparent une des pires régressions de l’histoire européenne.
Jean-Louis Marchetti