Publié le Mercredi 14 décembre 2022 à 11h20.

Pénuries, dégradation des services : un système incapable de répondre à nos besoins

Chaque jour qui passe nous montre à quel point le fonctionnement de l’économique capitaliste, fondée sur la concurrence, le profit et la rentabilité à court terme, est contradictoire avec la satisfaction des besoins de la population. Et ces derniers temps, le moins que l’on puisse dire est que les exemples s’accumulent d’un système qui non seulement ne répond pas à ces besoins, mais « régresse » dans sa capacité à fournir un certain nombre de services essentiels.

 

L’exemple de la pénurie d’énergie et des coupures d’électricité annoncées est peut-être le plus spectaculaire, a fortiori dans un pays comme la France qui se vante de ses capacités nucléaires, supposées garantes d’indépendance énergétique. Car si la guerre contre l’Ukraine et l’arrêt des livraisons de gaz russe pèsent, les problèmes étaient là avant : centrales nucléaires vieillissantes et/ou à l’arrêt, retard pris sur le chantier de l’EPR de Flamanville, transition vers les renouvelables absolument pas amorcée… Autant de facteurs qui pèsent lourdement sur les pénuries annoncées, et qui sont la preuve par l’absurde de l’incapacité du « marché » et des capitalistes, dont les intérêts ne sont pas ceux de l’immense majorité d’entre nous, à avoir comme préoccupation les services fournis à la population — sans même parler des dangers du nucléaire.

Transports, hôpitaux, écoles…

Autre exemple frappant avec la situation des transports en commun en région parisienne, dont la dégradation est visible chaque jour pour l’ensemble des usagerEs, avec des bus supprimés, des métros et des RER de moins en moins fréquents, et donc des rames de plus en plus surchargées. La situation de la RATP montre que non seulement les économies se font toujours au détriment des usagerEs mais que, de surcroît, la dégradation des conditions de travail des salariéEs a pour double effet une dégradation des conditions de transport et une pénurie de main-d’œuvre. Difficile en outre, lorsque l’on parle de transports en commun, de ne pas évoquer la situation à la SNCF, où l’austérité et les attaques contre le statut de cheminotE se sont elles aussi traduites par une dégradation sans précédent des services fournis.

On pourrait aussi parler de l’état désastreux des hôpitaux, dénoncé depuis des années par les personnels et les usagerEs, mais aussi des établissements scolaires et, plus globalement, de l’ensemble des services publics. Des choix politiques catastrophiques ont conduit à réduire leurs capacités, la qualité de leur fonctionnement et, au total, à fragiliser toujours plus les plus fragiles. Ces choix politiques ne sont pas seulement le fait d’individus incompétents mais aussi d’une croyance dans les dogmes du néolibéralisme, selon lesquels le « marché » et le secteur privé sont les plus aptes à répondre aux besoins de la société tandis que l’État et les services publics seraient des obstacles au dynamisme de l’économie et à sa « croissance ».

Lorsqu’elle était à son plus haut, la pandémie de Covid avait joué un rôle de puissant révélateur des contradictions entre les intérêts du « marché » et ceux des populations : services hospitaliers débordés, pénuries de matériel indispensable dans les hôpitaux, incapacité à reconvertir des unités de production pour fournir ledit matériel, etc. Sans même parler des scandales divers, et notamment celui des masques, avec les mensonges du gouvernement destinés à dissimuler que l’austérité et les coupes budgétaires avaient amené à ne pas renouveler les stocks, contrairement aux préconisations des organismes compétents.

Un système pourrissant

La situation que nous vivons actuellement, qui donne pour une fois une certaine pertinence à l’expression « Tout fout le camp », n’est pas accidentelle. Il s’agit d’une manifestation particulièrement visible, du fait de la multiplication des carences manifestes du système, d’un stade de pourrissement du capitalisme, qui va se poursuivre et s’accentuer si nous n’imposons pas une rupture avec la logique même de ce système. Ainsi, selon certaines prévisions, les pénuries ne font que commencer : on annonce ainsi, dans les mois à venir, une pénurie de… riz. En cause : la conjoncture économique globale, les conséquences de la guerre en Ukraine, et surtout les événements climatiques survenus cette année, notamment en Inde et au Pakistan, dont la production alimente l’ensemble du marché mondial. À elle seule, l’Inde a ainsi exporté, en 2021-2022, plus de 21 millions de tonnes de riz, soit 40 % des échanges mondiaux…

La crise climatique et ses effets sont incontestablement l’aspect le plus visible de ce pourrissement et de ses conséquences funestes. Les pénuries diverses, la saturation des services publics et les régressions sociales en cours participent elles aussi de ce pourrissement, et doivent elles aussi nous alerter. Il ne peut rien ressortir de bon d’un système dans l’ADN duquel les inégalités sont inscrites, fondé sur l’exploitation sans limite de l’immense majorité — et des ressources naturelles — pour les profits de quelques-uns. Et il n’y a rien à attendre de ceux qui jouent le rôle de personnel politique du capital et de la bourgeoisie, menant une guerre de classe dont les conséquences se font chaque jour sentir un peu plus. Il y a urgence à s’organiser pour imposer la rupture avec ce système funeste, ce qui implique de prendre nos affaires en main et de construire les mobilisations et les outils indispensables à ce que ce soit réellement celles et ceux qui font tourner cette société qui prennent les décisions et les mettent en œuvre dans le seul objectif se satisfaire les besoins du plus grand nombre, en respectant les exigences écologiques.