Depuis l’annonce du nouveau protocole sanitaire à l’université, les établissements supérieurs ont à nouveau plongé dans le chaos. Les difficultés concernent la mise en place des trois jours de télétravail et sa compatibilité avec la reprise des cours et la tenue des examens partiels du semestre en présentiel.
Pourtant tout le monde prend conscience de la difficulté de la situation. À la différence du Delta, le variant Omicron du Covid-19 circule très rapidement et touche particulièrement les jeunes. La crainte de voir les universités se transformer en d’énormes clusters se mêle donc partout à une grande confusion et à des appréciations contradictoires de la situation.
Le protocole et son côté absurde
À partir de la rentrée du 3 janvier 2022, l’ensemble des missions des établissements supérieurs se poursuivent en présentiel tandis que trois jours de télétravail (pouvant être portés à quatre) sont imposés à tous les personnels dont l’activité peut s’exercer à distance. Il ne sera pas difficile de comprendre que les dispositions en matière de télétravail rendent difficile la mise en place des activités en présentiel et compliquent notamment l’organisation des partiels. De nombreux gestionnaires de la scolarité refusent en effet le télétravail pour « nécessité de service ».
Deux ans après l’explosion de la pandémie, les arrêts de travail se multiplient et de nombreux services ne sont toujours pas équipés d’un nombre suffisant d’ordinateurs pour leurs agentEs. Malgré la situation de sous-équipement, la nécessité de gérer les activités en présentiel et le taux important de personnel précaire (+30 % voire 50 % de contrats précaires à l’université) favorise une situation de chantage sur les travailleurEs qui complique les négociations syndicales avec les directeurs généraux des services.
En plus, en l’espace de deux mois, il faudra prévoir de nombreuses épreuves de substitution pour les étudiantEs actuellement positifs au Covid-19 et placés en isolement, ce qui impliquera forcément une surcharge de travail pour l’ensemble du personnel enseignant et administratif.
Aucune avancée réelle pour s’adapter à la crise
Depuis l’explosion de la crise sanitaire, le gouvernement a été incapable de mettre en place des mesures même basiques pour favoriser une adaptation structurelle à la situation de pandémie.
Et pourtant les pistes et les solutions ne manquent pas : augmenter la capacité et la fréquence des transports en commun, favoriser l’usage des masques FFP2, installer des systèmes adaptés d’aération et de contrôle de l’air dans les salles, recruter massivement pour permettre le respect des jauges et la diminution des effectifs...
Rien de tout cela n’a été tenté. L’université est confrontée à une sorte d’immobilisme et se limite donc à essayer de rester debout. Les conditions de travail et d’études continuent en effet à être déplorables : des amphis bondés pendant les partiels et les cours magistraux, des étudiantEs entassés dans des petites salles pour assister aux TD et aux TP (travaux dirigés et travaux pratiques) dont la fréquentation est obligatoire. Partout règne un sentiment de résignation et de désenchantement.
Les effets délétères de la pandémie sur les mobilisations
La pandémie continue aussi à provoquer des effets négatifs et très probablement durables sur les consciences : mobiliser le personnel de l’Enseignement supérieur et de la recherche est devenu très difficile et les syndicats, également impactés par le télétravail, sont globalement en difficulté en raison de la multiplication des cas individuels à résoudre et de la faiblesse de l’action collective. La forte pression qui est exercée sur les travailleurEs pendant les jours de travail en présentiel contribue en outre à freiner l’action syndicale.
Même chez les étudiantEs, prévalent l’atonie et l’inertie. Les organisations syndicales sont de plus en plus faibles, la participation aux votes et aux activités ne cesse de reculer tandis que les projets de fusion, privatisation et mise en concurrence de l’université publique se poursuivent à grands pas. Ceux-ci entraînent des restructurations profondes et l’introduction de modèles de gestion managériaux contraires aux principes et à la mission du service public ainsi qu’à l’organisation démocratique censée animer la communauté académique.