Publié le Mardi 20 septembre 2016 à 09h03.

Les fouilles au corps refusées au lycée

Le lundi 5 septembre les enseignants de la cité scolaire Henri Wallon à Aubervilliers (93) ont débrayé contre la décision du proviseur de procéder à un contrôle visuel systématique des sacs des élèves à l’entrée de l’établissement. Ils ont été rapidement rejoints par le personnel de la vie scolaire. Pour le chef d’établissement il ne s’agissait que de renforcer « la sécurité et la protection des élèves ». Mais pour les personnels, fouiller les élèves qui viennent étudier c’était les stigmatiser et contribuer à rendre davantage anxiogène cette rentrée scolaire. Face à la pression exercée par les grévistes pendant deux jours, les fouilles de sacs se sont arrêtées le mercredi 7 septembre.

Si ce genre de dispositifs est resté plutôt rare en cette rentrée, la décision du proviseur s’inscrit pleinement dans l’esprit de l’instruction du 29 juillet 2016 « relative aux mesures de sécurité dans les écoles et les établissements scolaires à la rentrée 2016 », publiée conjointement par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Intérieur. Cette instruction ne fait qu’aggraver un climat déjà tendu. Un exercice de mise en sécurité sera ajouté aux deux déjà prévus dans la circulaire du 25 novembre 2015. Une formation des personnels de direction et d’encadrement de l’Éducation nationale est prévue dans les centres d’entrainement de la Gendarmerie nationale. Enfin, cette instruction revient sur « le suivi des élèves et des personnels dans un processus de radicalisation » en qualifiant comme « indispensable » un travail collectif des équipes pluriprofessionnelles pour que les personnels puissent repérer et signaler toute radicalisation.

Suite à la publication de l’instruction, la ministre a annoncé une enveloppe de 50 millions d’euros (en plus des 70 millions déjà prévus) pour financer des travaux de sécurisation des établissements scolaires.

Pourtant, ce n’est pas l’absence de caméras de surveillance mais bien le manque d’enseignants, de CPE, de surveillants et de locaux décents et en nombre suffisant qui provoque l’insécurité des élèves. Sans parler de la stigmatisation dont sont victimes les élèves des quartiers populaires, pourtant alibi systématique pour faire passer des réformes (telle que celle du collège) qui ne font qu’accroître les inégalités et l’élitisme de notre système scolaire.

Correspondant local