Parcoursup est la plateforme d’orientation des lycéenEs et des étudiantEs qui vise à « remplir » les places en première année de formation post-bac, en permettant aux établissements de choisir leurs étudiantEs.
En mars, les jeunes rentrent dans le logiciel 10 vœux maximum – pour des filières sélectives ou non... mais il vaut mieux avoir une formation que rien du tout) – qui seront examinés par les universités ou les écoles… mais surtout par des ordinateurs.
Derrière les algorithmes, une sélection sociale
Car ce sont principalement des algorithmes au fonctionnement confidentiel qui analysent les notes des élèves et leur dossier (lettre de motivation, activités extra-scolaires, CV, appréciations des profs…) selon des logiques propres à chaque formation.
De l’autre côté, les vœux d’orientation sont savamment réfléchis par les familles les plus aisées et les mieux renseignées, afin d’obtenir rapidement une réponse positive pour les meilleures formations. Une logique évidemment très inégalitaire...
Au-delà du bulletin de notes et du dossier à constituer, il faut une certaine connaissance des critères de recrutement pour bien s’orienter. Le « coaching Parcoursup » est même devenu un marché : des entreprises comme Smen’up proposent de « construire son parcours d’études » pour 210 euros, quand C&C Orientation facture 350 euros son « bilan d’orientation ». Compter jusqu’à 890 euros pour la formule « Parcoursup Premium » chez Eurêka Study. Vive la « start-up nation »… et tant pis pour les familles populaires dont les enfants seront livrés à eux-mêmes dans la jungle de Parcoursup. Car il ne suffit pas de faire des vœux, encore faut-il bien parier sur les places disponibles...
Parcoursup du combattant
À partir de juin, les résultats commencent à tomber : les candidatEs sont admis, ou admis sous condition (de suivre des cours complémentaires), ou rejetés… ou sur liste d’attente. Et là commence le calvaire.
Ceux et celles dont le dossier a été retenu par une formation et doivent impérativement répondre oui ou non dans un délai de quelques jours, sans savoir si une place se débloquera dans une autre filière (mais si unE élève refuse une place, elle est attribuée à un autre). Cette année, 51 % des 936 000 élèves inscrits sur Parcoursup avaient reçu une proposition correspondant à un de leur 10 vœux au début de la phase d’admission…
Pour les autres qui restent en attente, c’est le parcours du combattant : il faut trouver les statistiques des années précédentes : jusqu’à quel rang de la liste d’attente les formations avaient admis des candidatEs ? Faut-il accepter dès qu’une réponse positive finit par arriver ou attendre une hypothétique place ailleurs ? Le temps file et, en plus du stress, il faut pouvoir s’organiser pour la rentrée. En 2021, quasiment 100 000 élèves étaient refusés de tous leurs vœux à la fin de la phase d’admission.
Les plus déterminés attendent d’être répartis dans les filières où il reste des places… souvent loin de leurs vœux initiaux. D’autres se tournent vers les formations privées et payantes « hors Parcoursup ». CertainEs enfin abandonnent et arrivent sur le marché du travail (précaire)… où ils et elles retrouvent parfois les étudiantEs qui ont fini par lâcher des formations dont ils ne voulaient pas.
Des candidatEs à la révolte
Le gouvernement compte sur la défection de ces jeunes « recalés » ou mal orientés pour faire disparaître des statistiques ces « sans-facs » qui abandonnent « volontairement ». Loin d’offrir une place à chacunE, Parcoursup aggrave le tri social en poussant les jeunes de milieux populaires à aller se faire exploiter dès la sortie du lycée avec des contrats précaires.
Mais après tout, mettre en concurrence les jeunes pour pour trouver une place à tout prix plutôt que de mettre les moyens dans l’éducation pour que tout le monde trouve son compte, ne serait-ce pas la meilleure des formations au marché du travail capitaliste ?
La mise en en place de la réforme avait entraîné une large contestation de la jeunesse au printemps 2018. Une chose est sûre pour la session 2022 : il y a des candidatEs à la révolte. À quand la prochaine vague ?