La journée de mobilisation du 9 octobre peut-elle déboucher surune amplification des mobilisations face aux politiques patronaleset gouvernementales de régression sociale ? Comment, alors que leseffets de la récession et des politiques d’austérité se font de plus enplus lourds, préparer une réelle riposte qui soit capable de s’opposerà l’offensive du patronat et du gouvernement ?
Cette journée était initialement appelée par la CGT dans le cadre d’une semaine d’action décidée par la nouvelle Fédération Européenne de l’Industrie lors de son congrès de fondation en mai 2012. Double ambiguïté initiale : d’une part, caution d’une structure syndicale renforçant la bureaucratisation du syndicalisme européen, ouvrant la voie à une construction similaire en France dans la CGT ; d’autre part la sempiternelle manifestation pour la défense d’une industrie européenne compatible avec la politique d’austérité et les besoins de la compétitivité. Mais l’accélération des menaces de fermetures de sites et de licenciements a modifié les enjeux de cette journée.
Un premier pas pourfaire converger les luttes
La direction du secteur automobile de la CGT va décider de regrouper les salarieéEs de la branche sur la manifestation parisienne. Certes, cette décision fut en partie dictée par la volonté de contourner l’appel des Ford à la montée au Mondial de l’Automobile le 29 septembre. Mais, contre la volonté des responsables du secteur auto de la CGT et les réticences de la CGT Aulnay, la coordination des syndicats de CGT PSA appelait à un rassemblement à la Porte de Versailles, le matin, avec comme objectif de manifester à l’intérieur du Mondial. C’est alors que, pas à pas, le rassemblement s’est construit avec au total une vingtaine d’entreprises, du privé et du public, représentées et des militantEs bien décidéEs à pénétrer dans le salon malgré la forte présence policière. Mais, insuffisamment préparé, cet assaut a échoué non sans que la démonstration ne soit faite que le gouvernement et ses flics se plaçaient clairement du côté des patrons licencieurs. Cette combativité s’est partiellement transmise à la manifestation de l’après-midi. Un cortège « automobile » où l’on retrouvait côte à côte Renault Cléon, PSA Aulnay et Mulhouse se formait pour rejoindre avec dynamisme le cortège principal où les slogans sur l’interdiction des licenciements et contre la fermeture de sites couvraient largement ceux qui évoquaient les questions de défense de l’industrie.
Saisir toutes les occasions
L‘échec devant les grilles du Mondial et les cordons de gardes mobiles est dû autant au nombre (2 000 manifestantEs) qu’aux hésitations des équipes militantes face au choix délibéré de l’affrontement préparé par le gouvernement. Quant à la CGT « officielle », complètement absente au rassemblement, elle n’en a parlé dans aucun compte-rendu de la journée du 9 octobre. Est-ce la peur de se retrouver solidaire d’une manifestation venant de sa propre base et dont elle n’avait pas même fait écho ? Pourtant la poursuite certaine des attaques anti-ouvrières ne laisse pas d’autre choix que de préparer de tels affrontements en même temps qu’elle nous impose de coordonner les luttes, de préparer ensemble les prochains rendez-vous, les prochaines manifestations. La vague des fermetures de sites, des licenciements, des suppressions de postes n’est qu’un aspect des attaques portées contre les travailleurEs. Le projet de loi « libérant » les accords emploi-compétitivté, les attaques contre la protection sociale sont en marche. Toutes les occasions doivent être saisies pour construire les ripostes : mercredi 17 octobre avec ceux et celles de Technicolor à Angers, jeudi 18 avec les Sanofi à Toulouse, jeudi 25 avec les PSA à Paris et les cheminots en grève... Pas plus que la grève générale, la coordination des luttes ne se fera en appuyant sur un bouton. Mais toutes celles et ceux qui se battent, chacunE dans leur boîte, leur ville, leur région doivent mettre à leur ordre du jour la construction du tous ensemble.
Robert Pelletier