Le dépôt de bus d’Argenteuil Boucles de Seine entre dans la ronde. Il faudra que les travailleurEs du secteur se tendent la main pour faire danser les patrons.
Les jeudi 16 et vendredi 17 juin, les conducteurEs du dépôt de bus d’Argenteuil Boucles de Seine, actuellement géré par Keolis, se sont mis massivement en grève. À leur tour, ils et elles ont exprimé le ras-le-bol qui touche tout le secteur à l’échelle du territoire – un 13 h de TF1 faisait récemment part des difficultés d’embauche de la profession.
Cadences augmentées
à prix réduits
Car les conditions de travail sont quasi systématiquement ingrates : levés les premiers pour conduire les autres travailleurEs, et couchés les derniers, certainEs ont par exemple des journées de travail avec une amplitude extrême. « On est à la maison quand les enfants sont à l’école, et au travail quand les enfants sont à la maison ! » Et les salaires ne suivent pas, pas même l’inflation.
Le mécontentement est donc global, et ce n’est rien de dire que l’ouverture à la concurrence en Île-de-France n’a rien arrangé. Si à Boucles de Seine, c’est Keolis qui a remporté l’appel d’offre sur Transdev, ce n’a pas été au prix d’une amélioration du service ou des conditions de travail. Les dirigeants des grands groupes promettent en effet des cadences augmentées à des prix réduits, mais surtout sur le papier, pour décrocher les contrats. Ensuite sur le terrain, la réorganisation avec moins de moyens ne peut qu’entraîner une baisse de la qualité de service, que les conducteurs sont les premiers à subir.
Il ne s’agit donc pas de faire porter le chapeau à tel exploitant plutôt qu’à tel autre. La prétendue concurrence entre les trois géants du secteur (RATP Dev, Transdev et Keolis) est en fait une stratégie commune pour tirer vers le bas les conditions de travail et salaires. Pour battre les patrons qui s’entendent entre eux et contrecarrer leur stratégie du dépôt par dépôt, il faudra que les nombreux mouvements, pour l’instant isolés, se coordonnent à la base dans de nouvelles journées de grève.