Lors de la réunion du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté des 26 et 27 janvier 2022, la majorité a prévu de mettre à l’ordre du jour un rapport sur la convention TER 2026. Cette dernière étant le contrat qui lie l’autorité organisatrice (la Région) et l’exploitant ferroviaire (la SNCF).
Ce rapport prévoit un appel d’offres qui mettra fin au monopole de la SNCF, c’est donc le début de la privatisation des lignes : avec un découpage de onze lots, c’est-à-dire l’entièreté des lignes de la région. La vente des billets serait déléguée à un opérateur de service. La question de l’entretien du matériel roulant reste pour le moment sans réponse. La gestion du rail resterait à la charge de SNCF Réseau. Nous pourrions donc avoir quatorze opérateurs différents pour assurer les TER d’une seule région. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Il est vrai que les conditions de transport se dégradent ces dernières années. Mais il devient de plus en plus évident que cette dégradation est sciemment orchestrée pour justifier la privatisation. Depuis plusieurs mois, le manque de rames et de personnel aboutit à de trop nombreuses suppressions de trains. Des lignes ferment temporairement pour l’entretien des voies, longtemps délaissées, mais qui retrouveront une nouvelle jeunesse juste avant l’arrivée du privé. Étrange hasard…
Contrairement à une idée reçue, le privé coute cher ! En Paca par exemple, l’ouverture à la concurrence sur un seul lot va nécessiter 250 millions d’euros d’investissement (achat de rames, création d’un atelier alors qu’il en existe déjà), dont seulement 4 millions seront à la charge de Transdev (le nouvel opérateur), le reste étant assumé par la région. Pour les usagers, la concurrence c’est également une augmentation des tarifs. L’abonnement mensuel aux transports en commun à Londres pouvant aller jusqu’à 450 euros par exemple, alors que son équivalent parisien (le passe Navigo) coûte environ 75 euros.
Le privé n’est pas plus efficace non plus. Thello qui faisait notamment le Paris-Venise (via Dijon) a déjà vu couler quatre des cinq lignes qu’elle exploite. La seule survivante ayant été lancée le 18 décembre 2021. Partout la privatisation est un échec : l’Angleterre a renationalisé son réseau, la Norvège met fin à la concurrence, la Belgique et la Suisse s’en préservent et en Allemagne les compagnies privées font faillite.
Les cheminot-e-s verront eux aussi leurs conditions de vie et de travail se dégrader, alors que leurs salaires sont gelés depuis des années. Le malaise est palpable dans la profession face à l’impossibilité d’assurer un service public de qualité, face au constat de la dégradation de l’outil de travail et des perpétuelles réorganisations qui ne font que désorganiser la production.
Jeudi 27 janvier 2022, pendant la journée de mobilisation interpro, les cheminot-e-s se rassembleront devant le conseil régional à Dijon à l’appel de l’intersyndicale (CGT, Unsa et SUD-Rail). Première étape d’une longue lutte qui s’annonce et qui devra également nécessiter l’intervention des usagers et de leurs soutiens.