Mercredi 13 février, M. Djamal Chaab s’est immolé devant Pôle emploi à Nantes. Ayrault et Hollande ont rivalisé de bonnes paroles. L'un ressent une « très profonde émotion » et l'autre une « émotion toute particulière ». Ils sont émus donc, mais pas trop quand même, en tout cas pas assez pour remettre en cause la politique criminelle qui produit un tel désespoir.Pourtant c'est bien le sort réservé aux hommes et aux femmes privés d'emploi par un système culpabilisant, inhumain, injuste qui a tué à nouveau, un système qui laisse 4 chômeurs sur 10 sans revenus et les renvoie aux « minima sociaux » pour ceux qui peuvent en bénéficier. Mais cela n'empêche pas le ministre responsable, Michel Sapin, de considérer que « tout a fonctionné correctement ». Et après l'air de « tout va très bien », il entonne l'air des lendemains qui chantent et ose prédire, quelques jours après le drame, qu'« en fin d’année, la croissance aura repris en France. Nul ne peut dire exactement à quel moment ni à quel niveau, mais la situation, qui va s’améliorer dans le monde et en Europe, et la mise en œuvre de nos politiques, me font penser qu’il y aura une reprise de la croissance, et d’une croissance davantage porteuse en emplois. Il ne faut pas se résigner : l’inversion de la courbe du chômage aura lieu, et la fin de l’année reste notre objectif ». Une telle prédiction pourrait être simplement ridicule et risible si la politique menée par le gouvernement ne préparait pas d'autre drames humains, individuels et collectifs. L'ANI, en facilitant les licenciements ne pourra qu'ajouter des chômeurs aux chômeurs. L'austérité, d'ores et déjà annoncée pour 2014, réduira encore les budgets sociaux et fragilisera encore les plus pauvres et les plus précaires.Le ministre du Travail a raison sur un point : il ne faut pas se résigner ! Mais ne pas se résigner ce n'est pas attendre la « croissance » comme un miracle, lui offrir nos salaires, nos emplois, nos conditions de vie en sacrifice pour la faire revenir et réduire le chômage. Ne pas se résigner, c'est combattre réellement le chômage en imposant le partage des richesses et du temps de travail, c'est opposer à la politique du gouvernement un autre projet politique anticapitaliste.Christine Poupin
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