Le rapport sur l’accident de Brétigny vient de tomber, et le verdict est sans appel pour la direction de la SNCF, le gouvernement et leur politique de privatisation. Ni acte de malveillance ni hasard, c’est bien le manque d’entretien qui est à l’origine du déraillement du train qui a provoqué sept morts et des dizaines de blessés. Voilà le résultat des réorganisations et des 30 000 suppressions de postes qui ont cours depuis plus de dix ans. De nombreuses brigades d’entretien des voies ont été supprimées, entraînant l’augmentation de l’étendue de leurs zones d’action, brigades contraintes de n’assurer que le travail urgent et non plus la prévention. La SNCF a désormais recours de plus en plus régulièrement à des sous-traitants pour assurer travaux et entretien du réseau. Elle avait même été avisée de la dangerosité de la ligne Paris-Limoges, allant jusqu’à ignorer la préconisation de limitation de vitesse à 100 km/h contre les 160 toujours en vigueur aujourd’hui. La réforme ferroviaire qui vient d’être votée va aggraver cette situation, afin d’offrir un nouvel espace aux capitalistes pour se remplir les poches, sur le dos des cheminotEs et des usagerEs, laissant dépérir le réseau ferré tout en augmentant les tarifs.Les cheminotEs ont raison de se battre contre cette casse du service public. Ils avaient donc raison de faire une grève reconductible qui a permis de faire apparaître la classe ouvrière sur le devant de la scène politique, redonnant également un nouveau souffle aux luttes des intermittentEs et précaires, et des postierEs du 92. Depuis le 24 juin, c’est au tour des marins de la SNCM de rentrer dans le bal de la grève, pour refuser la mise en liquidation judiciaire de leur entreprise et les suppressions d’emplois. Mais le gouvernement reste sourd aux aspirations du monde du travail, toujours plus enclin à défendre les intérêts de ses « amis de la finance ». C’est dans cet objectif qu’il a tenu la troisième conférence sociale. Le boycott imposé aux directions syndicales (CGT, FO et FSU) témoigne de l’envie de nombreuses équipes militantes d’en finir avec le « dialogue social » et d’entrer sur le terrain de la lutte de classes. Comme l’ont fait il y a quelques semaines les cheminotEs, et aujourd’hui encore les intermittentEs et précaires, les marins de la SNCM, ou les postierEs, l’heure est venue de généraliser toutes ces colères ouvrières !
Matthieu Chapuis