Les semaines à venir seront très importantes, sinon décisives quant à l’avenir du service public postal et des agentEs qui l’exercent. Si les attaques se sont succédé depuis des années (un chiffre en guise d’illustration : près de 100 000 postes ont été supprimés en dix ans), les actionnaires et la direction du groupe La Poste passent à la vitesse supérieure. Leur plan de bataille : un « plan stratégique » calibré pour les dix ans à venir, sachant que les précédentes versions s’étalaient sur cinq ans. On peut y voir, sans risque de se tromper, le signe d’une volonté d’opérer des changements majeurs, moins d’un an après la prise de contrôle de La Poste par la Caisse des dépôts et consignations.
La fin de l’actionnariat majoritaire de l’État en mars dernier se traduit, ce n’est pas une surprise, par une pression accrue pour augmenter les bénéfices. La pression est d’autant plus forte que les résultats sont mauvais. De plus, le Covid-19 est passé par là. Si le PDG de La Poste a, à plusieurs reprises, parlé « d’opportunités à saisir » à la faveur de la crise sanitaire (en particulier dans le secteur du colis), le confinement a nettement accéléré la chute du trafic courrier.
Nul doute que le plan stratégique 2021-2030, qui sera dévoilé en février, a été sérieusement amendé ces derniers mois, évidemment dans un sens encore plus défavorable aux intérêts des postierEs et de la population. Une « grande consultation », par le biais d’un site internet dédié, a été lancée. Cette dernière n’est qu’une opération de com et d’enfumage, à l’image de celles organisées par le gouvernement (sur les retraites par exemple). En réalité, les orientations, on en connaît déjà les grandes lignes : moins de bureaux ouverts, moins de tournées, moins d’accessibilité bancaire, toujours plus de sous-traitance au colis, etc.
Offensive contre les factrices et les facteurs
Le fer est actuellement porté dans le secteur de la distribution. Le 28 septembre, une réorganisation nationale a été mise en place (la quatrième en six mois !). Elle remet notamment en cause le principe des tournées six jours sur sept, puisque les factrices et les facteurs doivent distribuer, le samedi, un secteur équivalent à deux tournées. Outre la charge de travail qui explose, et pas seulement le samedi puisque le courrier qui n’a pu être distribué est reporté sur le reste de la semaine, c’est une étape vers la fin du principe même de la tournée qui est actée. Ce qui est expérimenté le samedi risque fort d’être étendu, à terme, aux autres jours.
Face à cela, on ne peut pas dire que les réactions syndicales soient à la hauteur. L’ensemble des fédérations a certes voté contre cette réorganisation en Comité technique national (ce qui n’arrive que très rarement), mais une partie d’entre elles (CFDT, FO, CGC et CFTC) ne l’a fait que pour des raisons de forme (l’absence de « dialogue social »). Comme si forme et fond n’étaient pas liés ! La responsabilité des organisations opposées sur le fond aux plans de la direction (CGT et Sud) est donc grande. L’unité large par le haut étant impossible, il y a urgence à ce que ces deux organisations syndicales concourent, par une politique d’alliance à l’échelle nationale et locale, à mettre la pression. Et contribuent à donner confiance aux postierEs pour mener bataille.