Publié le Mercredi 19 septembre 2018 à 15h25.

Les suppressions d’emplois ne sont pas une fatalité : stoppons la casse sociale, interdisons les licenciements

Samedi 22 septembre, les salariéEs de Ford Blanquefort et leurs organisations CGT et CFTC appellent à manifester pour sauver leurs 872 emplois, ainsi que les 3 000 emplois de la région induits par la présence de l’usine…

Cette manifestation s’inscrit dans la continuité de la lutte menée par les travailleurEs de cette usine depuis 10 ans maintenant, des grèves et mobilisations locales qui ont déjà empêché la fermeture de l’entreprise en 2008-2009. Aujourd’hui, la multinationale n’a pas plus qu’hier la moindre légitimité à fermer la moindre usine, d’autant qu’elle a déclaré 7 milliards de profits pour 2017. Dans le même temps, les salariéEs ont fait les comptes : rien que pour la période 2013-2018, Ford Blanquefort a touché environ 50 millions d’aides publiques, ce qui représente près de 850 euros par mois pour chaque salariéE ! 

Arrêter le hold-up

C’est ce qui fait de cette lutte un symbole, un point de convergence pour les salariéEs menacés de licenciement et condamnés à la précarité. En effet, toutes les entreprises qui licencient actuellement sont des entreprises qui ont encaissé, au total, des milliards de fonds publics, d’abord via les exonérations en tout genre accumulées par les gouvernements successifs : exonérations de cotisations, patronales puis salariales, CICE, dispositifs d’aides à l’embauche le plus souvent précaire… Elles ont aussi bénéficié de cadeaux directs des collectivités, tout cela au nom du maintien de l’emploi !

Ce véritable hold-up de l’argent public donne le droit à la population et aux salariéEs d’exiger des comptes et de tout faire pour maintenir les emplois, en contestant aux actionnaires le droit de décider de la vie de milliers de personnes et de leurs familles du simple fait de leurs titres de propriété.

Public, privé, même combat !

Sans la détermination des salariéEs et de la population, il n’y aura pas de répit aux licenciements. Pendant des années, les patrons ont licencié et fermé des entreprises pour « délocaliser » le travail dans des pays où l’exploitation des salariéEs était plus rentable. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de mettre de la même manière les travailleurs et les travailleuses en concurrence d’un bout à l’autre de la planète, mais de leur opposer la « modernisation » et les « restructurations »...

Ainsi, des entreprises de commerce – non délocalisables – comme Carrefour, New Look ou SoLocal (Pages Jaunes) ont licencié ces derniers mois des milliers de salariéEs avec, pour solde de tout compte, la brutalité des moyens que leur offrent les lois Macron (1 et 2) et, comme unique horizon, le chômage et la précarité, ou des pensions de retraite au rabais. Les principales banques françaises, qui ont déjà supprimé 4 000 emplois en 2017, envisagent des milliers de fermetures d’agences (900 rien que pour la BNP Paribas, la BPCE et la Société générale), ce qui fait peser la menace sur des dizaines de milliers d’emplois. Les Chambres de commerce et d’industrie, structures qui vivent entre autre de subventions publiques en baisse, envisagent 8 000 suppressions d’emploi (400 sur 950 emplois rien que pour celles de la région Grand Est).

Aucun secteur n’est à l’abri : le privé bien entendu, mais aussi les services publics. Les annonces de suppressions d’emploi se succèdent à la SNCF, dans l’éducation nationale, dans les finances publiques... Car Macron et ses sbires rêvent de gérer ce qui reste des services publics comme des entreprises privées, qui ne connaissent comme seule règle que l’analyse de l’évolution du taux de profit distribué aux actionnaires.

Reconstruire le « Tous ensemble »

Dans un tel tableau, il est donc écœurant de proposer, comme Macron déli(v)rant ses conseils aux chômeurs, de simplement « traverser la rue » pour trouver un travail ! Ce qui est juste, comme l’écrivent les salariéEs de Ford, c’est que « la meilleure manière de trouver un emploi, c’est de conserver celui qu’on a » !

C’est pour cela qu’elles et ils manifestent samedi, avec leurs familles, mais aussi avec des délégations de salariéEs en lutte de différents secteurs, ainsi que des représentantEs d’organisations syndicales et politiques. C’est aussi pour cela que, le mardi 9 octobre, à l’appel de la CGT, FO, Solidaires, des organisations de retraitéEs, d’étudiantEs et de lycéenEs, nous serons le plus massivement possible en grève et dans la rue.

Avec la détermination à faire de ces journées des jalons dans la construction d’un mouvement « Tous ensemble » qui regroupe les forces de toutes celles et ceux qui veulent imposer des revendications vitales : l’arrêt des licenciements et des suppressions de postes ; le partage du temps de travail ; l’augmentation des salaires et des pensions de retraite ; la création de l’allocation d’autonomie pour les jeunes (afin de faire disparaître la concurrence entre salariéEs et entre générations) ; le contrôle sur les comptes des entreprises et l’expropriation des actionnaires qui refusent ce contrôle.

Cathy Billard