Tous les deux ans, le Mondial de l’automobile de Paris est prétexte à la célébration médiatique de la voiture. Secteur qui finance le plus journaux et télévisions en publicité, l’industrie automobile est rituellement récompensée par des articles vantant ses mérites et cirant les pompes de patrons vedettes. Côté expo, le luxe s’étale sur les stands de tous les constructeurs mondiaux représentés. Côté usines de production, les suppressions d’emploi continuent, avec précarisation et intensification du travail pour ceux qui restent.
Il faut revenir aux faits. Sur les neuf premiers mois, les ventes de voitures neuves ont augmenté en France de 2,1 % et en Europe de 6 %. Les volumes de production ont augmenté de + 10,7 % de voitures pour PSA et + 3,8 % pour Renault en France au premier semestre 2014. Mais les niveaux maxima atteints en 2007, avant crise, ne sont pas rattrapés et ne le seront probablement jamais en Europe de l’ouest. Si le temps du « tout bagnole » en Europe est fini, l’industrie automobile demeure un secteur qui génère des profits et rassemble des centaines de milliers de travailleurs en France.Dans ce contexte, PSA, Renault et les principaux équipementiers renouent avec les profits, dont les montants avaient effectivement baissé au plus fort de la crise. C’est notamment le cas de PSA, renfloué par des capitaux publics et l’arrivée de la firme chinoise Dongfeng. Le résultat net de PSA a été au premier semestre 2014 de 680 millions d’euros, contre un déficit de 962 millions il y a un an. Il n’y a pas de miracle : l’augmentation de leurs profits provient de l’augmentation constatée des ventes... et surtout de l’application des plans de restructuration engagés chez PSA et Renault en conséquence des accords compétitivité « anti sociaux » signés avec quelques syndicats.
Des contrats antisociaux de compétitivité utiles au profitIl ne faut pas prendre les patrons pour plus imbéciles qu’ils ne sont. Leurs plans d’austérité ont leur cohérence et aboutissent à des résultats profitables pour eux. Dans le cas de PSA, la fermeture de l’usine d’Aulnay, le passage prévu au monoflux dans les usines de Mulhouse et de Poissy apportent leurs premiers résultats pour les profits. Pour le site de Mulhouse, des économies de 5,7 millions d’euros pour toute l’année 2014 sont attendues suite à ces dispositions.Chez Renault, des accords sont conclus avec Nissan, Fiat et Opel pour fabriquer des voitures badgées de leurs marques dans les usines Renault de Sandouville, de Flins et du Mans. Après la déconfiture des modèles Renault Laguna et Vel Satis, l’usine de Sandouville ne sera pas fermée, mais en contrepartie, elle devient la référence en terme de flexibilité. Sur les chaînes de fabrication du Trafic, on compte jusqu’à 90 % d’intérimaires !Plus généralement, dans toute l’automobile, se moquant des contraintes légales encore en vigueur, les emplois créés sont maintenant majoritairement des postes d’intérim. Et ils voudraient encore plus de flexibilité !Au Mondial de l’auto 2014, après la colère des Ford Blanquefort exprimée jusqu’au stand Ford (voir l’Anticapitaliste n°259), l’initiative appelée par plusieurs instances de la CGT métallurgie jeudi 16 octobre traduit aussi ce mécontentement.Gouvernement et patronat de l’automobile devraient savoir qu’à trop tirer sur la corde, celle-ci peut casser. La petite augmentation de la production de voitures observée ces derniers mois n’a pas amélioré la situation des salariéEs. Le luxe et le gaspillage affichés au Mondial de l’auto la rendent encore plus insupportable !
Jean-Claude Vessilier