Publié le Mercredi 3 décembre 2025 à 10h34.

Nationalisation d’ArcelorMittal : la victoire passe par la lutte

La nationalisation d’ArcelorMittal votée le 27 novembre à l’Assemblée crée un précédent politique. Elle ne deviendra une réalité utile aux salariéEs que si la mobilisation impose une rupture avec des décennies de cadeaux au patronat.

Le 27 novembre, l’Assemblée nationale a voté la proposition de loi LFI visant à nationaliser ArcelorMittal France, avec 75,6 % des 210 députéEs présentEs sur 575.

Le résultat d’une mobilisation politique et syndicale

Déposée dans le cadre de la niche parlementaire LFI, cette initiative est saluée par les députéEs insoumis comme une « victoire historique ». La droite, Renaissance et le patronat ont voté contre ; le RN s’est abstenu après avoir tenté d’empêcher le vote avec près de 300 ­amendements.

Ce qui a rendu ce vote possible, c’est aussi la mobilisation des salariéEs et des syndicats, en particulier la CGT Métallurgie, les syndicats d’Arcelor et les UD concernées. Pour la CGT, ce vote est « une victoire pour les salariéEs en lutte depuis près de deux ans » et un signal politique majeur. 

En effet, depuis vingt ans, Mittal ferme, licencie, assèche l’investissement, encaisse des milliards de subventions publiques et redistribue toujours plus de dividendes. Les sites de Dunkerque, Fos, Florange ou Hayange ont été sacrifiés au gré des arbitrages financiers, tandis que les promesses de décarbonation servent à justifier de nouvelles aides sans contrôle.

Un point d’appui pour amplifier la mobilisation

Ce vote, cependant, ne garantit rien. Le Sénat — dominé par la droite — rejettera très probablement la proposition, et le gouvernement utilisera tous les outils antidémocratiques de la 5e République pour l’empêcher. Il continue de renvoyer la responsabilité à Bruxelles et d’invoquer le « tsunami d’acier asiatique » pour refuser toute intervention directe. En réalité, Paris a toujours subventionné Mittal et n’a rien fait pour ­empêcher les fermetures.

Même en cas d’adoption, une nationalisation capitaliste avec rachat à prix d’or ne résoudrait pas les causes du désastre : logique de profit et absence de contrôle démocratique. 

Le vote du 27 novembre ne doit donc pas être un aboutissement, mais un point d’appui pour une mobilisation large. Les salariéEs qui se sont rassembléEs devant l’Assemblée, les syndicats qui exigent la fin du chantage patronal, les collectifs qui défendent la décarbonation réelle de la sidérurgie ont raison : l’avenir ne se jouera pas dans l’hémicycle mais dans le rapport de forces social.

Nationaliser ArcelorMittal, oui, comme passage obligé pour répondre aux besoins sociaux et écologiques, protéger les emplois, garantir les compétences, développer une production d’acier décarbonée réellement compatible avec la sobriété matérielle. Et surtout, sans chèque-cadeau à Mittal, et sous contrôle des salariéEs.

Mais seule la mobilisation unitaire, dans la rue, dans les usines, pourra imposer une rupture avec des décennies de destruction industrielle orchestrée par Mittal avec la complicité des gouvernements successifs. Aucun vote ne remplacera la force collective des travailleurs et travailleuses.

Olivier Lek Lafferrière