Jeudi 22 mai, les fédérations CGT, SUD-Rail et UNSA appellent les cheminots à manifester contre la réforme ferroviaire. Il s’agit d’une montée nationale à Paris, et c’est sans doute la manifestation la plus importante à la SNCF depuis 15 ans.
Depuis 1997, le système ferroviaire français est divisé en deux : Réseau Ferré de France (RFF), propriétaire du réseau ferré, et la SNCF, qui à la fois exploite le réseau ferré avec ses trains et en même temps assure la gestion et l’entretien du réseau. Cette division absurde, ainsi que les suppressions de postes massives, sont les deux causes principales du récent drame de Brétigny-sur-Orge. Pourtant, la direction SNCF et le gouvernement poursuivent dans ce sens avec la réforme ferroviaire... Ils veulent donc transférer les 50 000 cheminots de l’aiguillage et de l’entretien des voies chez RFF (renommé « SNCF Réseau »), et leur faire payer les 40 milliards d’euros de dette du système ferroviaire par des « gains de productivité ». Les 100 000 cheminots restants passeraient à « SNCF Mobilités ». La 3e entreprise (« SNCF ») serait constituée de quelques milliers de dirigeants… Le but, c’est de séparer les activités non rentables (RFF public) et rentables (SNCF privatisable morceau par morceau…), vers la privatisation. C’est pourquoi les cheminots se battent contre la division, pour la réintégration de RFF dans la SNCF, et pour un monopole public ferroviaire.
Cheminots, public, privé, usagers : tous ensemble !Cette réforme, c’est aussi la disparition de la réglementation du travail à la SNCF (le « RH 077 ») que le patronat veut remplacer par une convention collective pour le public et le privé : agrandir les amplitudes horaires, diminuer la durée et le nombre des jours de repos… Le Medef (qui représente la SNCF dans les négociations !) veut faire travailler les cheminots SNCF 10 jours de plus chaque année, soi-disant pour permettre aux cheminots du privé de travailler 10 jours de moins. Ils oublient de dire qu’il y a 160 000 cheminots SNCF... et 3 000 cheminots du privé ! Les cheminots se battent donc non seulement pour la défense de leur statut et de leur réglementation du travail, mais aussi pour leur application à tous les travailleurs du rail : cheminots de la SNCF et de ses filiales, boîtes privées, sous-traitants... Cette réforme doit passer à l’Assemblée nationale le 16 juin : les cheminots ont donc quelques semaines pour construire un rapport de forces suffisant pour faire reculer Pépy et le gouvernement. Ils devront être très nombreux à la manifestation du 22 mai, et aussi se préparer à une grande grève reconductible, début juin, jusqu’au retrait de la réforme ! Et pour cela, ils auront aussi besoin du soutien des usagers.
Gabriel Lafleur