Alors que la pandémie continue de progresser, Renault a décidé de mettre en chômage partiel lundi 30 mars les 16 000 salariés du siège et des centres d’études de Guyancourt et Lardy, dans la région parisienne.
Comme dans toutes les situations de chômage partiel reconnues par le ministère du Travail, le financement de ce qui est versé aux salariéEs est assuré par l’État, à hauteur de 84 % du salaire net avant chômage. Pour les salariéEs Renault, et pour eux/elles seuls, il y a un complément de salaire, mais qui ne sort quasiment pas de la trésorerie de l’entreprise ; sont mis à contribution le capital temps individuel de chacunE et les réserves du fonds de solidarité créé par Renault suite à la crise de 2008 et financé à moitié par les salariéEs.
Depuis la mi-mars et avant cette mise en chômage partiel, travail et activités ont continué dans les établissements de la région parisienne, soit sous forme d’obligation pour certainEs, dont de très nombreux prestataires, à venir travailleur sur place au mépris de leur santé et de leur vie, soit sous forme de télétravail.
Or, le ministère du Travail considère, à juste titre, que le télétravail est du travail et n’ouvre donc pas droit à des indemnisations pour chômage partiel. Sinon cela voudrait dire que les patrons se fassent financer par l’État le travail effectif réalisé sous forme de travail. Un peu top fort comme arnaque !
Le détail de l’opération
Mais pour se faire financer, Renault a trouvé une parade en inventant le chômage partiel à temps partiel. Le télétravail est instauré à mi-temps. Ordre a été donné de ne plus envoyer de mails de son ordinateur installé à la maison chaque jour à partir de 13h. Travail à temps partiel permet alors chômage partiel et indemnités versées par l’État en conséquence. Et cet ordre s’applique aussi aux salariéEs dont le contrat de travail est en ‘‘ forfait jour ’‘, principalement les salariéEs cadres sans position hiérarchique et des technicienEs qualifiés. Parce que Renault découpe le forfait jours en demi-journées !
Cette interdiction d’ouvrir chez soi son ordi à partir de 13h est largement du pipeau car nombreux/ses sont les salariéEs à être sous la pression des grands et petits chefs. Ce que ces derniers contrôlent, ce n’est pas l’heure d’ouverture des ordis mais les résultats à fournir. D’où une pression pour ouvrir son ordi même après 13h et non connecté. Renault invente le télétravail au black imposé aux salariéEs !
Champion de l'optimisation des subventions publiques
Renault utilise toutes les ficelles permises par les dispositions gouvernementales pour payer le moins possible. On sait que, depuis Ghosn, Renault est un champion de l'optimisation fiscale en jouant avec les législations fiscales propres à chaque pays pour trouver les transferts les plus profitables. Il a manifestement suscité des émules parmi les DRH de Renault car c’est bien d’optimisation, aux limites de la légalité, du financement des indemnisations qu’il s’agit.
Décidément, l’épidémie ne change rien aux pratiques des DRH de Renault : trouver les moyens de faire travailler plus au moindre coût pour l’entreprise.