Publié le Vendredi 11 juillet 2014 à 16h31.

SITL ex-FagorBrandt (Lyon) : amère victoire

Depuis l’arrêt de la production, puis le dépôt de bilan de leur usine, les trois quarts des 400 salariéEs de la SITL se sont réunis régulièrement en assemblée générale (malgré leur renvoi chez eux en chômage partiel, avec perte de salaire de 10 à 20 %). Ils ont manifesté chaque semaine de novembre à mai, dans l’unité syndicale CGC-CGT-FO-SUD...

Le 18 juin, le tribunal de commerce a choisi un groupe sino-américain comme repreneur : un choix dicté par le ministère de Montebourg, pour qui l’offre de Cenntro était la « seule » qui « permet d’assurer des perspectives industrielles crédibles et de sauvegarder la totalité des emplois ». Il prétendait ainsi répondre à la détermination des travailleurEs dans leur lutte pour le maintien de tous les emplois.C’est une victoire, même si 80 salariéEs seulement ont pour l’instant repris le travail : la moitié des travailleurEs restent au chômage partiel (et peut-être demain en formation), encore plus d’un an, au frais de l’État ! Mais c’est une victoire amère…Fin mai, la moitié des salariéEs assignait Fagor devant le tribunal, pour vente frauduleuse de leur usine en 2011. L’objectif de cette vente, qui couvrait la délocalisation des lave-linge en Pologne, était de sortir l’usine du groupe Mondragon (groupe espagnol auquel appartenait FagorBrandt) et de faire ainsi payer les licenciements par la collectivité.

Des millions de fonds publicsLe préfet de Rhône-Alpes a accusé l’avocat des salariéEs « de détruire des emplois » et lui a même demandé d’abandonner la procédure ! Pourquoi ce futur procès fait-il si peur ? Parce que cette réindustrialisation factice – qui a conduit, avec la faillite de FagorBrandt, au dépôt de bilan de la SITL – a été couverte par le représentant du gouvernement : celui-ci a en effet participé à l’inauguration de la nouvelle société en septembre 2012 et versé plus de 2 millions d’aides publiques, main dans la main avec le maire de Lyon (PS) et la vice-présidente de la Région à l’emploi (PCF)…De plus, les questions de l’avocat des salariéEs au nouveau repreneur restent sans réponse : Cenntro ne veut ni donner ses comptes (localisé dans un paradis fiscal, il n’est pas obligé d’en tenir !) ni s’engager sur le maintien à Lyon de la fabrication des véhicules utilitaires électriques.Les millions de fonds publics auraient mieux servi au maintien de la fabrication de lave-linge à Lyon. Un projet de reprise, porté dans un premier temps par l’Intersyndicale, le prévoyait en économie circulaire, c’est-à-dire en réutilisant les composants récupérables sur les machines à laver usagées. Concevoir des appareils durables et relocaliser la production, cette idée n’a pas reçu le soutien nécessaire : ni des travailleurEs, qui doutaient de leur capacité à monter une coopérative, ni des pouvoirs publics, qui sur l’écologie ne font que des discours, ni du mouvement social, qui ne s’est pas emparé d’une lutte qui mêlait pourtant sauvegarde de l’emploi et de l'environnement.

Correspondante