Fin mars, le rapport commandé par la direction de la SNCF afin d’établir un budget prévisionnel jusque 2020, a été présenté au CCE. Dans l’air du temps, c’est un plan d’austérité qu’il préconise : entre 11 000 et 13 000 suppressions de postes (ce qui représente près de 10 % des effectifs actuels), ainsi que 4,8 milliards d’effort de productivité...
Après un « tassement » des suppressions de postes entre 2010 et 2015, où « seulement » 4 500 ont disparu, on va retrouver le rythme effréné de la période de 2005 à 2010, où 14 200 emplois avaient été supprimés. La casse du service public et des conditions de travail des cheminots s’accélèrent.
Casse du service public et privatisationEn effet, ce rapport anticipe l’ouverture à la concurrence sur le réseau ferré et la suppression des grandes lignes Intercités et TET (trains d’équilibre du territoire) non rentables, au profit de l’autocar, une des conséquences de la loi Macron. Pour faire face aux missions qui ne pourraient plus être assurées, faute d’effectifs suffisant, le recours à la sous-traitance est fortement encouragé.Alors que les différentes enquêtes sur l’accident meurtrier de Brétigny-sur-Orge de juillet 2013 pointent du doigt un réseau vieillissant, des effectifs insuffisants pour son entretien, et un recours à la concurrence entraînant des dysfonctionnements, la direction veut continuer dans la même voie. Les mêmes causes produiront immanquablement les mêmes effets… De manière moins dangereuse – mais plus quotidienne – les retards et suppressions de trains risquent de continuer de croître.
Les cheminots dans le viseurLes cheminots ne seront pas en reste. Avec moins d’effectifs, il leur sera demandé d’en faire toujours plus. D’autant qu’il faut mettre en perspective ce rapport avec les négociations qui sont en cours dans le cadre de la convention collective ferroviaire qui devrait remplacer l’actuel réglementation du travail SNCF. Le patronat ferroviaire, direction de la SNCF en tête, souhaite augmenter le temps de travail des cheminots… gratuitement !
Une partie de ces suppressions de postes seront supportés par le non-remplacement d’une bonne partie des départs à la retraite. Si cela ne suffisait pas, le rapport envisage de favoriser la mobilité « choisie », mais il faut plutôt comprendre forcée !Face à ce plan d’austérité, qui n’est rien d’autre qu’un plan de licenciements, il faudra que les cheminots ripostent, en faisant le lien avec la future convention collective. Avec en première étape de mobilisation le 9 avril.
Matthieu Chapuis