Depuis quelques semaines, les entreprises du transport déplorent un manque de main-d’œuvre, et des difficultés à recruter, à tel point qu’elles sont contraintes de réduire leur offre de transport.
Chaque jour, la SNCF supprime des milliers de trains faute de conducteurEs, et la fréquence des bus baisse (parfois beaucoup) comme à Paris. À la SNCF, il manquerait cette année 1 200 conducteurEs sur l’ensemble du territoire. Et la situation est semblable dans les bus — qu’il s’agisse des réseaux urbains ou de l’inter-urbain. Le syndicat des transports d’Île-de-France (IDFM) estime manquer de 1 800 conducteurEs de bus sur 30 000, et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, par exemple, ce sont 1 000 postes de conducteurEs qui restent vacants.
Les sous-effectifs ne datent pas de la pandémie
Les dirigeants du secteur accusent la pandémie d’être en grande partie à l’origine de cette pénurie « conjoncturelle » du fait de la diminution des formations et des recrutements ces deux dernières années. C’est peut-être en partie vrai. Tout comme le vieillissement de la profession qui n’a pas été anticipé. Mais les problèmes de sous-effectifs dans les transports ne datent pas de la pandémie. Depuis des années, le sous-effectif est entretenu pour étendre les durées de travail au maximum de ce que permet la réglementation, évitant ainsi d’embaucher pour faire des économies et gonfler les bénéfices. Les conditions de travail se dégradent, ce qui entraîne en retour la démission de nombreux et nombreuses conducteurEs. À la RATP, c’est la casse sociale permise par le nouveau Cadre social territorial (CST) introduit cet été qui cause des dizaines de départs chaque mois. La situation est similaire à la SNCF, qui supprime des milliers de postes depuis des années.
Les patrons veulent embaucher ? Qu’ils augmentent les salaires !
La pénurie actuelle de conducteurEs est le résultat direct d’une politique de suppression de postes combinée à une casse sociale organisée, menée par les entreprises du transport en vue de l’ouverture à la concurrence. Dans toute la branche, cette politique se traduit par des remises en cause d’accords d’entreprise qui tirent salaires et conditions de travail vers le bas. À la SNCF, la réforme de 2018 a mis fin à l’embauche au statut et à la garantie de l’emploi. Avec des conditions de travail dégradées, des salaires bas et un avenir incertain, on comprend mieux le manque d’attractivité de ces entreprises. Début septembre, des grèves ont éclaté dans les transports urbains de plusieurs villes sur les mêmes bases : contre les salaires insuffisants et le sous-effectif qui pèse sur les conditions de travail. Leurs revendications sont celles de touTEs les travailleurEs du secteur : si les patrons cherchent désespérément à embaucher, qu’ils augmentent les salaires, au moins à hauteur de l’inflation galopante. Et qu’ils cessent de dégrader le niveau de vie des travailleurEs au gré des appels d’offres. S’ils veulent que les transports continuent de circuler, il va falloir payer !