« On a vu la grève à Melun par des vidéos sur WhatsApp et on ne pouvait pas rester les bras croisés alors qu’on a subi les mêmes attaques. On s’est organisés entre chauffeurs et on a forcé les délégués à poser les préavis. On n’a pas le choix, on sera en grève tant qu’il le faudra ». Lundi 20 septembre, seuls quelques bus sont sortis des dépôts de Bailly-Romainvilliers et Lagny en Seine-et-Marne. Des intérimaires les conduisent, tout en affichant leur soutien aux collègues qui tiennent les piquets, des grévistes nombreux, dynamiques et déterminés. La grève tourne en équipe, matin et après-midi, comme à Lieusaint et Vaux-le-Pénil (77).
Mickey va devoir marcher
Deux nouveaux dépôts entrent donc dans la danse, déterminés à refuser les conditions imposées par Transdev à la suite de l’appel d’offres1. Même causes, mêmes effets. Mêmes journées à la fois speed et interminables, avec le même temps passé dans le bus sans être payé, mais seulement « indemnisé », mêmes primes qui ont sauté, même division entre anciens et nouveaux embauchés.
Transdev applique la même recette partout. Keolis et la RATP observent avec intérêt. Sénart au 1er janvier. Marne-la-Vallée au 1er juin. Et Melun au 1er juillet. C’est là que ça a craqué. D’abord trois dépôts en grève le 1er septembre dans la zone de Sénart. Puis trois nouveaux dépôts à partir du 6 septembre, dans l’agglo de Melun et dans le Val-D’Oise à Saint-Gratien. Et depuis lundi, deux autres, du côté de chez Mickey.
Bailly-Romainvilliers et Lagny sont deux dépôts stratégiques qui desservent les villes nouvelles du « Val d’Europe », zone touristique des parcs Eurodisney. On imagine que les téléphones ont dû chauffer dans les bureaux du siège de Transdev.
TouTEs ensemble !
Et ce n’est pas fini : le même jour, lundi 20 septembre, le dépôt de Vulaines près de Fontainebleau, qui avait déjà montré sa solidarité par quatre jours de grève bien suivis depuis début septembre, est parti en illimité. Mardi c’est Nemours qui sera paralysée et Montereau jeudi. Ces trois dépôts ne sont pas encore touchés par la destruction des accords locaux car leur appel d’offres n’est pas encore passé. Mais les chauffeurEs ont bien compris qu’ils n’avaient pas intérêt à attendre passivement leur tour. Autant s’y mettre maintenant.
Une idée simple est répétée dans les tracts qui circulent dans beaucoup de dépôts de bus d’Île-de-France : touTEs ensemble !
Pas seulement Transdev, mais aussi Keolis et sa maison-mère, la SNCF, et la RATP et sa filiale RATP-Dev. Ces grands groupes à capitaux publics comptent se partager le marché à coups d’appels d’offres trafiqués, et en profiter pour ramener les conditions de touTEs les conducteurEs au plancher. Pas question de se laisser diviser.
La 3e semaine de grève marque le début de son extension. Le rapport de forces est plus que jamais du côté des salariéEs. Le temps est avec la grève, tant qu’elle s’étend. Les tentatives de négociation par dépôt, initiées par la direction du groupe Transdev qui cherche à diviser pour mieux régner, et légitimées par certains délégués qui se sont parfois laissé aller à signer des accords de recul social, sont un piège. Elles montrent la volonté de la direction d’étouffer au plus vite chaque foyer séparément.
Comme l’affirmait un gréviste sur le piquet de Vaux-le-Pénil : « Ce mouvement, c’est le mouvement des salariés. C’est eux qui l’ont commencé, c’est eux qui vont décider quand ils l’arrêtent. » L’incendie continue.
- 1. Voir l’Anticapitaliste n° 582.