Après presque deux mois et demi de grève, la CGT de Vertbaudet signe un accord avec la direction de l’entreprise. Les salariéEs peuvent retourner au travail la tête haute après avoir gagné une augmentation salariale qui va de 90 à 140 euros net (selon l’ancienneté), l’embauche de 30 intérimaires et aucune perte de salaire pour les jours de grève. Une victoire… et un regain de confiance en la grève.
De par sa durée et son écho national, la grève de Vertbaudet, menée presque exclusivement par des femmes ouvrières, assume une dimension symbolique très forte. Elle démontre la capacité des exploitéEs et des oppriméEs à relever la tête, à s’organiser et à engager un rapport de forces avec la classe possédante.
Le niveau d’exploitation et d’humiliation était devenu insoutenable, ce qui a déclenché un geste de rebellion contre la toute-puissance et le mépris sexiste du patronat. À leur lutte légitime, l’État des patrons a répondu par une répression policière d’une rare violence. Une salariée a été étranglée violemment pendant l’évacuation du piquet de grève. Un délégué CGT du site a été agressé à proximité de son domicile.
Rebâtir le collectif par la grève
La grève a permis de mieux connaitre ses collègues, de discuter, réfléchir, se forger un esprit critique. Les grévistes sont devenuEs une force collective qui est consciente de son rôle dans la production des richesses et qui est capable de s’organiser. En accompagnant les grévistes au quotidien et en favorisant l’organisation de la grève dans la durée, le rôle de la CGT a été crucial, ce que confirment d’une manière unanime les salariéEs. Tandis que l’organisation du travail capitaliste divise, individualise et met en concurrence, l’expérience de la grève unit, socialise et permet la mise en commun des expériences et des moyens d’action. C’est ce que nous révèle Claudia, une salariée du pôle logistique : « Au travail, tout est fait pour que les gens ne se rencontrent pas, nous avons des horaires de pause décalés ; sur le piquet, nous avons appris à nous connaître ».
Le bras de fer final
Les négociations n’ont pas été faciles. À la veille de la signature de l’accord, l’ambiance sur le piquet était tendue, entre celles qui considéraient que la proposition de la direction était acceptable et celles qui pensaient que la vraie bagarre venait de commencer. Les salaires des ouvrièrEs étaient en dessous de la grille fixée par les accords de branche. Les grévistes n’étaient donc pas toutes et tous d’accord pour considérer le respect de la grille comme une augmentation mais plutôt comme un droit déjà acquis dont ils et elles avaient été privéEs.
L’accord a été signé ce vendredi 2 juin et, quoi qu’il en soit, la fin de la grève est tenue pour une victoire. Très longue et dure financièrement, la bataille des Vertbaudet commençait en effet à devenir de plus en plus difficile. Une dizaine de salariéEs avaient demandé à réintégrer leur service, et les problèmes individuels commençaient à peser dans la balance. L’UL CGT de Tourcoing n’était pas en mesure de fournir des certitudes sur les fonds disponibles et, tout en veillant à ce que le collectif reste soudé, semblait être pressée de mettre fin au bras de fer.
Exemplaire, cette grève va marquer les consciences de ceux et celles qui l’ont vécue et permettra à d’autres de franchir le cap en préférant la lutte à la résignation fataliste.