Publié le Mercredi 25 mai 2011 à 20h02.

-> Contribution de Suzy Rojtman (CNDF)

Dans le cadre des discussions amorcées par le NPA en vue des présidentielles, nous publions la contribution du Nicolas Sarkozy peut être fier de lui. Élu il y a presque quatre ans déjà pour mettre la France en coupe réglée, on peut dire qu’il a fait le job. Tout passe au crible de la « réforme », notamment la fonction publique et les services publics : La Poste, la SNCF, l’université, l’école, l’hôpital, l’ANPE. À chaque fois les signaux sont les mêmes : plus d’autonomie vis-à-vis de l’État, introduction du privé, restriction des effectifs. La protection sociale n’y échappe pas : retraites, Sécurité sociale, etc. Le dogme libéral et la destruction des acquis sociaux, quoi ! La société est bousculée de fond en comble. Les classes moyennes ont peur du déclassement, la précarité est érigée en mode de vie. Sarkozy construit une autre société.

Sûr de lui et droit dans ses bottes puisqu’il considère qu’il n’y a rien en face, il traite toutes les mobilisations avec mépris même quand elles mettent 3 millions de personnes dans la rue comme la lutte contre sa réforme des retraites de cet automne.

En outre, convaincu que l’élection se gagne à droite, il durcit jour après jour sa politique concernant les immigrés et multiplie les provocations vis-à-vis de l’islam et des musulmans.Face à ce type de situation, il est impossible pour réagir de faire l’impasse sur certains rapports de domination qui structurent la société. D’autant plus quand ceux-ci sont millénaires comme la domination masculine. Les ravages provoqués par la politique de Sarkozy se tricotent, se conjuguent avec les inégalités préexistantes : il a été largement mis en lumière par exemple que la réforme des retraites aurait un impact plus important sur les femmes du fait de leurs carrières tronquées et de leurs salaires inférieurs. Comment peut-on prétendre construire une société alternative sans prendre en compte ces rapports de domination ? Nous pouvons comprendre que leur mise en lumière dérange puisqu’elle peut mettre en cause ce qu’il y a de plus obscur chez un individu comme l’affaire Strauss-Kahn semble vouloir le démontrer (mais, écrivant le 15 mai, nous attendons le résultat des investigations). Sans compter les privilèges à remettre en cause comme les tâches domestiques.

Il faut se rendre à l’évidence : le mouvement des femmes est désormais ancré dans la réalité politique française. Qu’il ait des hauts et des bas, une « mise en musique » sociale-démocrate ou liée au mouvement social, c’est désormais une donnée structurelle, incontournable. Et personne ne peut y rester insensible. La bourgeoisie ne s’y est pas trompée, d’ailleurs, et est capable de jouer son petit couplet-type : 40 % de femmes dans les conseils d’administration des entreprises du CAC 40...

Mais des données conjoncturelles s’ajoutent à cet état de fait : le Front national va bientôt se déclarer le meilleur garant des droits des femmes. Non contente d’instrumentaliser la laïcité pour dégainer son discours anti-islam, Marine Le Pen prétend vouloir se battre contre les inégalités salariales et pour la parité, thèmes qui étaient jusqu’à aujourd’hui totalement étrangers au FN. De même, elle ne se prononce pas clairement contre l’avortement mais pour son déremboursement... La ficelle est certes grosse mais nous savons qu’elle marche. Alors ? Alors la seule solution est de défendre et de construire un mouvement des femmes lié au mouvement social non seulement pour des raisons d’immédiateté politique mais aussi avec la conviction de bâtir une société dénuée de toute domination.

Suzy Rojtman, Collectif national pour les droits des femmes (CNDF).