Pour les 40 ans du MLF, une exposition est organisée à la bibliothèque Marguerite-Durand, à Paris, jusqu’au 13 mars. À l’occasion des 40 ans du MLF, la bibliothèque Marguerite-Durand a choisi d’exposer une collection de photos de son fonds retraçant l’histoire du féminisme de 1860 à 2010. Lors de la formation annuelle de la région parisienne sur l’oppression des femmes et le féminisme, le NPA est donc parti en visite, saisissant l’occasion. Au fil des salles, les suffragettes, les artistes, les travailleuses sont exposées. La vie de Marguerite Durand, directrice à la fin du xixe siècle du journal La Fronde, un journal féministe non mixte, est d’abord présentée. On y apprend qu’elle revendique sa féminité pour « enlever aux hommes superficiels cet argument que le féminisme est l’ennemi du goût et de l’esthétique féminine ». Plus loin, ce sont des photos de Nelly Roussel ou Madeleine Pelletier, féministes radicales du xxe siècle naissant. Déjà, elles dénoncent l’oppression des femmes au sein de la famille, par la sexualité, par la discrimination au travail, et l’associent au capitalisme. Elles sont d’ailleurs les seules à se battre contre la loi de 1920 qui punit sévèrement l’avortement et interdit toute propagande anticonceptionnelle. Dans la salle exposant le travail féminin, on croise une photo des midinettes, ouvrières de la couture parisienne, réclamant en 1923 une augmentation de salaire et une prime contre la vie chère. On n’a pas oublié qu’en 1917, la « grève des midinettes » avait déclenché un mouvement qui s’est répandu dans tout le pays et dans tous les secteurs, y compris les industries de guerre. Et puis, ce sont les femmes engagées : on retrouve, pêle-mêle, Alexandra Kollontai, Clara Zetkin, Louise Weiss et Louise Le Bournot (résistante). Une place non négligeable est accordée aux femmes de la Commune. Outre Louise Michel, ces femmes, caricaturées comme Pétroleuses, tentent en vain, d’arrêter les troupes versaillaises lors de la semaine sanglante. Enfin, la dernière salle reprend les moments fondamentaux du mouvement féministe de la deuxième vague. Quelques extraits de films agrémentent la visite avec en particulier le célèbre extrait où Monique Piton, ouvrière de Lip, propose de remplacer « les hommes » par « les blancs » et « les femmes » par « les noirs » pour raconter la grève. L’exposition, réussie, rend visible des figures féminines de l’histoire, oubliées notamment dans la plupart des manuels scolaires. On peut seulement regretter une certaine forme d’organisation thématique à laquelle on aurait pu préférer des fils mettant en avant les enjeux contemporains tels que « variations sur les normes de genre » car entre les femmes qui adoptent des prénoms masculins ou celles qui choisissent de porter des pantalons, il y a de quoi construire une salle de 1860 à 2010. Enfin, et c’est sans doute le gros point noir de cette exposition : elle se termine par une photo de Ni putes ni soumises sous-entendant qu’elles incarnent le féminisme d’aujourd’hui… Lorsqu’on connaît la trajectoire de Fadela Amara, il est tout a fait permis d’en douter !Lisbeth Sal