La date du 25 novembre s’est imposée ces dernières années comme un moment important de dignité, de colère collective et de revendications contre les violences — un rendez-vous de construction du mouvement féministe. Cette année, nous avons aussi dû faire face à de nouvelles contradictions et difficultés.
Partout en France, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes et aux minorisées de genre, les manifestations ont été moins suivies que ces dernières années, donnant une impression de dispersion des organisations féministes. À cela s’est ajoutée, notamment à Paris le 22 novembre, la présence choquante de deux cortèges d’extrême droite, fémo-nationalistes et sionistes, Némésis et Nous Vivrons, défilant encadrés par la police à plusieurs centaines de mètres derrière les organisations féministes.
L’extrême droite n’est pas féministe et la police choisit son camp
Depuis plus d’un an, l’extrême droite cherche à s’insérer dans les manifestations féministes et met tous ses moyens pour y parvenir, notamment en jouant de ses relations avec le ministère de l’Intérieur. Si elle réussit à s’imposer dans les mobilisations féministes, elle pourra ensuite investir les grèves, les luttes sociales et réécrire l’histoire en faveur de son idéologie immonde, comme elle le fait déjà dans le débat public.
Face à ces groupes qui se revendiquent féministes pour mieux diffuser leur idéologie raciste, islamophobe et identitaire, le mouvement féministe et le mouvement ouvrier sont mis en échec et peinent à apporter une réponse efficace.
Ce qui s’est joué le 22 novembre est aussi un message envoyé par l’État. À Paris, la police a décidé de protéger la contre-manifestation d’extrême droite et a frappé et violenté les militantes féministes. La BRAV-M était déployée : un dispositif offensif, viril, pensé pour intimider et dégoûter. En fin de cortège, les forces de l’ordre ont chargé, gazé, matraqué et confisqué les pancartes et drapeaux des militantes féministes.
La préfecture de police a donc imposé par la force la présence de groupuscules d’extrême droite au sein d’une marche censée dénoncer précisément les violences patriarcales, racistes, transphobes, etc. Pire : des agents cagoulés ont ensuite posé devant une banderole féministe retournée, comme un trophée de guerre — une pratique empruntée aux hooligans et aux groupes fascistes.
Cette protection policière des groupes d’extrême droite doit pousser l’ensemble du mouvement féministe à se poser la question de la confrontation et de la gestion de nos propres manifestations.
Faire face et reconstruire la mobilisation
Ce 22 novembre doit être un avertissement. La police protège les fascistes, isole les féministes et tente de discipliner nos luttes par la peur. Ses pratiques dissuasives excluent les plus vulnérables, limitent la liberté de manifester et cherchent à nous imposer la présence d’organisations racistes et coloniales dans nos mobilisations.
Face à cette offensive, il est urgent que nous nous mobilisions toutes contre l’extrême droite, pour défendre nos manifestations et nos droits, et pour reconstruire des cortèges massifs, féministes, LGBTI, antiracistes, antifascistes, solidaires, capables de protéger nos mobilisations et nos revendications.
Pour ce faire, il faudra aussi dépasser les discours institutionnels qui d’une main mettent en place la constitutionnalisation de l’IVG et l’entrée du consentement dans la loi, et de l’autre suppriment les subventions aux plannings familiaux. Nous devons exiger des moyens à hauteur des besoins pour transformer en profondeur la société.
Les violences faites aux femmes ne seront jamais combattues aux côtés des racistes identitaires, qui reproduisent ces violences, mais dans la lutte collective contre le patriarcat, le racisme, les LGBTphobies, l’impérialisme, le capitalisme et toutes les dominations. Construisons la riposte, dès maintenant.
La commission nationale d’intervention féministe