Le 4 mai, Chahinez Boutaa était assassinée par son ex-conjoint, après avoir pourtant signalé à de nombreuses reprises la situation de danger dans laquelle elle se trouvait. Cette affaire avait mené les ministères de l’Intérieur et de la Justice à lancer une enquête dans le but de comprendre les dysfonctionnements ayant conduit à ce féminicide. Leur rapport est sorti cette semaine et préconise six mesures comprenant notamment le déploiement de 3 000 téléphones « grand danger » supplémentaires, la création d’un fichier des auteurs de violences conjugales et une plus grande utilisation du bracelet anti-rapprochement.
Le problème, c’est que cela ne s’attaque pas à la question principale : que les victimes, lorsqu’elles signalent des faits de violences, soient crues et entendues. Le rapport Belloubet (2019) démontrait déjà que 41 % des homicides conjugaux et tentatives avaient fait l’objet de signalements préalables à la police mais que 80 % d’entre eux avaient été classés sans suite. De la même façon en 2018, la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF) expliquait que 76 % des associations de son réseau constataient des « refus d’enregistrer des plaintes ». La raison ? Les fonctionnaires de police nient les violences conjugales lorsqu’elles sont rapportées et refusent donc de qualifier les faits comme tels.
Mais dans l’affaire du meurtre de Chahinez, si les dysfonctionnements ont été pointés du doigt, cela a surtout été l’occasion pour une certaine partie des médias et des politiques de s’attaquer aux étrangers et aux immigrés. Expliquant que si Chahinez a été assassinée, c’est le fait des « origines » et des « croyances » de son ex-conjoint ou encore du « gouffre culturel » entre la France et l’Algérie en matière de droit des femmes. Marlène Schiappa a même déclaré : « Notre objectif, c’est d’expulser en priorité tous ceux qui ont été condamnés, notamment les personnes radicalisées ou reconnues coupables de violences conjugales, sexistes ou sexuelles ».
L’occasion pour nous de rappeler d’abord que les violences faites aux femmes sont inhérentes au patriarcat et sont présentes partout dans le monde. Qu’elles sont commises par tout type d’hommes. Et que, oui, notre féminisme est antiraciste et internationaliste et que nous nous battrons encore et toujours contre ces violences en soutenant les associations féministes et en luttant dans la rue et massivement. Comme les femmes, partout dans le monde, levons-nous et exigeons : « Pas une de moins ! »