À l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, de nombreuses manifestations ont eu lieu partout dans le monde. En France, où près de 80 000 femmes ont manifesté, la journée était marquée par le procès Mazan1, qui depuis plusieurs mois vient fortement impacter le débat public sur le viol, son intentionnalité, l’impunité des agresseurs et la place du consentement dans la loi. Il y aura un « avant et un après » Mazan car Gisèle Pélicot est devenue un symbole pour de nombreuses femmes qui se reconnaissent dans son histoire.
Le mouvement féministe face au Backlash
Ce procès concentre une forme exacerbée de la violence faite aux femmes. L’écho important de ce procès est également lié à deux éléments marquants de la période : d’une part une exacerbation des antagonismes de classe (avec une forte polarisation due à la montée de l’extrême droite) et, d’autre part, un accroissement des tensions lié aux avancées obtenues par les luttes des femmes Des études récentes ont montré un écart de plus en plus marqué entre les hommes et les femmes des plus jeunes générations sur les questions sociales et l’adhésion aux valeurs féministes.
Depuis le mouvement MeToo, les violences faites aux femmes sont plus visibles et moralement condamnées : Le rapport de l’ONU, sorti ce 25 novembre, rapporte que le nombre de féminicides (80 000 par an, soit 1 toutes les 10 minutes) est beaucoup plus élevé que leur évaluation initiale du fait d’un meilleur recueil des données. Le nombre de plaintes pour agression sexuelle et viol a augmenté dans la foulée des mouvements de dénonciation des violences.
Inversement on observe un fort backlash, antiféministe et réactionnaire, visant à protéger les agresseurs et attaquer les femmes et leurs droits. Après l’élection de Trump, les mouvements masculinistes ont éructé « Your Body, My Choice [Ton corps, mon choix] ». D’après le dernier rapport du Haut Conseil pour l’Égalité Femmes-Hommes, le sexisme s’ancre et progresse en France. En Italie, le gouvernement Meloni menace et dégrade l’accès à l’IVG. Pour protester contre ces attaques, elles étaient 150 000 manifestantes à Rome pour ce 25 novembre.
Le 25 novembre : date de solidarité internationale
Ce 25 novembre nous rappelle la solidarité internationale d’abord avec les femmes victimes des guerres, des violences sexuelles et de génocide, en particulier en Palestine, en Ukraine, au Soudan, au Congo. En Afghanistan, le gouvernement taliban a annoncé que les femmes ne seront plus autorisées à poursuivre des études de santé, notamment dans les écoles de sages-femmes et infirmières. À Téhéran, une étudiante qui s’est dévoilée et déshabillée au sein de son université pour protester contre le port du voile obligatoire a été arrêtée puis internée en hôpital psychiatrique. Au Mexique, la violence contre les femmes prend des proportions atroces : 10 femmes meurent chaque jour sous les coups, et des milliers de femmes disparaissent chaque année.
La solidarité entre femmes dans le monde entier se construit grâce au partage de nos mobilisations et de nos expériences de lutte. Ainsi, suite à l’élection de Trump aux États-Unis, un certain nombre de femmes ont revendiqué de reprendre le mouvement des 4B des femmes de Corée du Sud : les mouvements des femmes s’étendent et se consolident partout dans le monde. Le capitalisme et le patriarcat n’ont pas de frontière, notre solidarité féministe et nos luttes les détruiront !