Le Comité international de la Croix-Rouge classe le viol comme une des méthodes de guerre lorsqu’il est utilisé de manière stratégique par une des parties d’un conflit armé pour humilier, affaiblir, assujettir, chasser ou détruire l’autre. Il s’agit généralement des viols de masse, multiples et collectifs, fréquemment commis en public, accompagnés le plus souvent de brutalités et de coups. Des viols de ce type ont été commis lors des guerres coloniales. Plus, récemment, en Europe, les combattants serbes recouraient au viol et aux grossesses forcées contre la communauté bosniaque.
Cela fait près de vingt ans qu’en République démocratique du Congo, notamment dans l’est du pays, les violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre pour terroriser la population. Le viol de guerre ne concerne pas exclusivement les femmes mais elles en constituent néanmoins les principales victimes : selon l’ONU, plus de 200 000 femmes en ont été victimes au Congo (mais il existe des estimations bien supérieures), où les viols ne sont pas seulement le fait des milices diverses, mais aussi des « forces de sécurité ».
Dans ce pays, la première des nécessités est de mettre fin à l’inaction de la justice, particulièrement criante surtout à l’égard des hauts gradés. Mais il faut aussi s’attaquer au contexte : la lutte sans merci pour le contrôle des richesses minières du pays, lutte dont sont aussi parties, directement ou indirectement, les compagnies étrangères. Comme l’a écrit Thérèse Mema Mapenzi, assistante sociale travaillant à Bukavu dans l’est du Congo, dans une tribune publiée dans le quotidien anglais The Guardian : « Nous devons admettre que nous ne pourrons pas éliminer les violences sexuelles dans les conflits tant qu’on n’aura pas mis fin aux conflits eux-mêmes et à leurs causes : la lutte pour le contrôle des richesses minières d’un pays comme le mien où le désespoir et l’absence de perspectives sont alimentées par le cycle sans fin de la pauvreté. Le Congo est riche en ressources naturelles, mais beaucoup ne vont même pas à l’école. Aussi longtemps que des gens tireront profit de ce conflit et de la misère, pourquoi voudront-ils y mettre fin ? »