Publié le Vendredi 27 juin 2014 à 21h17.

Afghanistan : fraude, corruption et chaos

On ne connaît toujours pas les résultats de l’élection présidentielle en Afghanistan dont le deuxième tour s’est tenu le 14 juin. Elles doivent désigner le successeur d’Hamid Karzaï, le président fantoche qui a accompagné l’occupation du pays depuis 2001 par les troupes de l’Otan, et la chute des talibans. Arrivé en tête du premier tour le 5 avril avec 45 % des voix contre 31,6 % à son rival Ashraf Ghani, Abdullah Abdullah a dénoncé des « violations flagrantes » des règles électorales et organisé deux jours de manifestations dans les rues de Kaboul, puis à Hérat dans l’ouest du pays.

Les luttes de pouvoir n’empêchent pas les connivences. Les deux rivaux étaient parmi les principaux acteurs sous le régime corrompu de Karzaï. L’ancien ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, grand ami des USA, a approuvé la signature du traité bilatéral de sécurité (BSA) avec Washington qui prévoit le maintien d’un contingent américain de près de 10 000 hommes destinés à « terminer le travail » après le retrait des forces de l’Otan en 2014, selon les termes d’Obama venu en visite surprise pendant l’entre-deux-tours. Son rival, Ashraf Ghani, ancien ministre des Finances, ancien cadre de la Banque mondiale, s’est engagée à valider le dit accord de sécurité.

En toile de fond des luttes au sein de la mafia au pouvoir, les talibans contestent la légitimité du scrutin. Ils se posent en alternative à un système mis en place avec la bienveillance des États-Unis, corrompu, sans autorité, ne tenant que grâce aux perfusions de dollars... Pour eux, les deux candidats en lice dans cette « élection fantoche sont des partisans de l’occupation américaine. L’un ou l’autre tentera inévitablement de faire de son mieux pour mettre en œuvre un programme écrit à l’avance par les Américains ». Une évidence qui fait le fond de commerce des intégristes. Sinistre bilan pour les armées qui disaient défendre la démocratie mais imposent leur lois au service de la domination américaine contre les peuples.