Le résultat de l’élection présidentielle en Afghanistan n’est toujours pas connu. Abdullah Abdullah s’est déclaré vainqueur contre son rival Ashraf Ghani, arrivé en tête au deuxième tour, avec 56,4 % des voix. Abdullah était arrivé largement en tête du premier tour, 45 % des voix contre 31,6 % à Ghani. Étonnant basculement qui donne l’image de la fraude massive. Les deux candidats sont tout dévoués à l’administration Obama et favorables à la signature rapide du traité bilatéral de sécurité (BSA) prévoyant le maintien en Afghanistan de 9 800 soldats américains, contre 32 000 actuellement, après le départ de l’Otan fin 2014.
Les USA craignent de nouvelles tensions entre le Nord dont est issu Abdullah et le Sud de Ghani, alors que les talibans insurgés ne reconnaissent aucune de leurs deux marionnettes. D’où la venue à Kaboul du secrétaire d’État américain, John Kerry, pour tenter de maîtriser une logique de même nature que celle qui s’est développée en Irak en conséquence de la guerre et de l’occupation du pays. Washington a brandi la menace pour imposer un compromis, excluant que puisse se former un « gouvernement parallèle », ce qui entraînerait une partition de l’Afghanistan.
« Nous voulons l’unité nationale et la dignité de l’Afghanistan. Nous ne voulons pas la guerre civile », rassure Abdullah, mais ni lui ni son rival ne contrôlent les rivalités ethniques dont ils jouent.Kerry s’est imposé pour arbitrer la crise avec le soutien des Nations unies au nom d’un « Afghanistan uni, stable, démocratique » et un processus électoral « légitime » !
Un accord a été conclu entre les deux candidats pour que soit réalisé un audit de l’ensemble des votes exprimés. « Le gagnant sera le nouveau président et formera immédiatement un gouvernement d’unité nationale », a dit Kerry. Les USA arbitrent et décident. L’audit sera organisé grâce à la logistique de la force de l’Otan... Voilà ce que la Maison blanche appelle un scrutin démocratique et légitime ! Cette mascarade ne pourra effacer les conséquences dramatiques pour les peuples d’Afghanistan de l’intervention impérialiste.