Le vendredi 21 juin a vu un immense afflux au rendez-vous fixé dans les rues d’Aix-la-Chapelle, en Allemagne, par les Fridays For Future : près de 40 000 jeunes. L’échéance se voulait internationale : des délégations belge, hollandaise et française, dont des camarades du NPA-Jeunes qui avaient fait le déplacement, se sont jointes à l’écrasante majorité de lycéenEs allemands.
Le parti écolo allemand, les Grünen, qui a surfé sur cette mobilisation de la jeunesse qui se prolonge, de vendredi en vendredi, contre le changement climatique, peut se prévaloir d’être devenu le second parti lors des européennes (allant jusqu’à dépasser le parti conservateur d’Angela Merkel ici ou là). Il n’en reste pas moins que les jeunes ne s’en laissent pas conter par ces résultats électoraux et promesses politiciennes. La preuve : à leur façon, ils ont une nouvelle fois signifié que c’était bien « dans la rue que ça se passe ». Le lendemain du 21 d’ailleurs, ils étaient encore des milliers à braver les forces de police pour protester, non loin de là en Rhénanie du Nord-Wesphalie, à Garzweiler, contre l’extension d’une mine de lignite à ciel ouvert.
Un week-end combatif
À côté des slogans « classiques » de la mobilisation, de nombreuses pancartes et slogans visaient les politiciens inactifs, les banques et les grandes entreprises pollueuses, en premier lieu RWE, géant de l’énergie allemande et premier exploiteur de lignite. La coïncidence avec les actions de désobéissance civile de Ende Gelände (en substance : « En finir avec le site »), qui ont envahi le lendemain la gigantesque mine à ciel ouvert de Garzweiler, proche d’Aix, et la présence de nombreux groupes d’extrême gauche, souvent peu présents dans les manifs locales du fait de la petite taille des organisations et de la méfiance de la direction nationale « verte » à leur égard, ont certainement contribué à renforcer le côté combatif du week-end.
Le gouvernement n’avait pas manqué de faire pression sur les jeunes pour qu’il se désolidarisent de Ende Gelände (genre d’action « zadiste »), afin de séparer les « bons » militants des « mauvais »... Mais c’est loin d’être concluant. La mise en cause du capitalisme est prégnante dans les mobilisations des jeunes pour le climat, même si elle n’est pas toujours explicite et si cela reste la tâche des révolutionnaires de la développer.
En Allemagne, des grèves hebdomadaires
Si une série d’associations plus ou moins ouvertement liées au parti écolo veillent au grain et tentent de contrôler le plus étroitement possible les mobilisations de jeunes, on a affaire à un véritable et très vaste mouvement, en Allemagne, sans commune mesure avec ce qu’il est en France. Depuis cinq mois, des dizaines de milliers de jeunes, pour leur grande majorité élèves de lycées aisés, fils et filles des « classes moyennes », manifestent et font grève hebdomadairement, se réunissent en AG et se coordonnent avec d’autres groupes, discutent des causes de la catastrophe écologique et de ses solutions, bref militent et se politisent. Ils scandent allègrement « System Change not Climate Change » et visent les grandes entreprises, dont RWE est un symbole, qui détruisent l’environnement pour augmenter leurs profits.
Pour réussir, c’est bien dans cette voie qu’il faut poursuivre. Loin des illusions institutionnelles, loin des fadaises selon lesquelles de petits gestes citoyens individuels résoudraient les problèmes, une partie des jeunes qui manifestent pointent les véritables responsables : les capitalistes dont la soif de profits ne s’arrête ni devant la destruction de la planète ni devant l’exploitation des millions de travailleurEs qui en ont marre de payer la situation actuelle et ne sont pas prêts non plus à payer celle qu’on voudrait leur imposer demain par on ne sait trop quelle « transition écologique » capitaliste, ou « capitalisme vert ».
Secteur Jeunes du NPA