Déclaration du Parti socialiste des travailleurs :
Après des années de fermeture politique progressive et d’entrave à l’expression politique des citoyens, l’élection présidentielle était évidemment faussée d’avance.
Dans une société qui, trop souvent, ne s’exprime plus que par l’émeute, on a criminalisé le mouvement social, le syndicalisme, la grève et œuvré à discréditer l’action politique et associative. L’administration et les médias publics se sont habitués à une expression unilatérale au service du pouvoir en place qui veut abolir les conquêtes démocratiques d’octobre 1988. La dérive monarchique de nos institutions étouffe même les partisans zélés du troisième mandat.
Trop c’est trop ! Le rouleau compresseur de la campagne pour la réélection de Bouteflika a mobilisé les moyens de l’Etat depuis plusieurs années, mais l’on reste surpris par le mépris des apparences que signifie l’occupation sans vergogne des espaces publics et le matraquage médiatique à peine interrompu par les interventions minutées des challengers comme si Bouteflika et ses soutiens zélés avaient peur de la radicalité théâtrale des autres candidats. Les moyens financiers considérables, mis à disposition par les gros affairistes reconnaissants, ne grandissent pas, non plus, le Président qui a su détruire l’économie productive nationale et aggraver sa dépendance au moment où le pays dispose de ressources inédites grâce au pétrole.
Pour convaincre les Algériens, il ne reste plus que l’intimidation. Les dizaines de milliers de visiteurs polis qui viennent rappeler que l’on sait que vous ne votez pas, le déferlement ininterrompu des partisans rémunérés et le déploiement des forces de sécurité qui leur balisent le chemin espèrent pousser au vote « pour les papiers ». Quant à la campagne de lynchage contre un parti qui a exprimé sa tristesse, c’est une dérisoire opération de diversion, comme si la démocratie n’était pas, aussi, le droit d’étaler à sa fenêtre, sans offenser personne, des tissus rouges, noirs ou bleus selon son choix. Il s’agit d’occulter l’agacement provoqué par une campagne envahissante, illégale, devenue contre productive et d’imposer le passage en force, le fait accompli d’une réélection imposée.
Mais il n’y a pas que des raisons d’être pessimiste. La société n’a pas abdiqué. Elle est momentanément désorientée mais ne cède pas. Les luttes sociales continuent par dizaines, les cheminots reprennent le flambeau des praticiens du service publics faisant du 09 avril un non évènement. La parole reste libre partout malgré les menaces. La liberté de critique, bien plus large qu’en 2007, concédée aux candidats sur les médias publics, montre que le pouvoir a pris la mesure de la désaffection populaire. Et le patriotisme économique du discours officiel montre qu’ils savent que les travailleurs et les masses populaires rejettent la politique ultra libérale.
Les autres candidats libéraux, aussi, se démarquent bruyamment d’une gestion condamnée par la crise du capitalisme mondial. Mais ce gauchissement des discours, l’espace d’une campagne électorale, ne trompe personne. Ainsi, la référence retrouvée au socialisme et l’éloquence des arguments de la candidature anti-privatisation ne va pas jusqu’à se démarquer du Président candidat responsable de la politique de suicide économique au profit des affairistes nationaux et des impérialistes.
Le combat pour imposer le respect des libertés démocratiques est toujours devant nous. Pour redonner aux travailleurs, aux masses populaires et à la jeunesse la force de se battre pour imposer la démocratie, il faut construire au sein des masses, un mouvement porteur d’une alternative politique à même de satisfaire les besoins sociaux et les aspirations populaires. L’absence d’une candidature conséquente au service des masses populaires ne nous laisse que le choix de l’appel à l’abstention massive pour signifier à tous ces partenaires, complices politiques des échecs passés, qu’on ne demande pas un troisième mandat quand on avoue avoir lamentablement échoué durant le deuxième.
Le 09 avril Abstention massive !
Secrétariat National du PST le 6 avril 2009.