Le 21 mai dernier, le Conseil des ministres algérien a annoncé « un programme de 11 forages pilotes de gaz de schiste ». L’Algérie aurait, d’après les études, la troisième réserve mondiale de gaz de schiste, après la Chine et l’Argentine. De quoi faire carburer de nombreux projets : pour le gouvernement algérien, bien obligé de réfléchir un tant soit peu à l’après pétrole qui assure une confortable rente aux militaires, à la bureaucratie dirigeante ainsi qu’à la bourgeoisie algérienne en formation, mais également pour les groupes étrangers qui exploitent les ressources partout où elles sont rentables.
Les compagnies américaines sont dans les starting-blocks. « Nos compagnies sont intéressées par le marché algérien parce qu’elles ont une grande expérience en matière (d’exploitation) de gaz et de pétrole de schiste qui nous a permis d’assurer un boom économique et une indépendance énergétique. J’espère que l’expertise acquise durant ces dernières années, sera également utilisée en Algérie », a déclaré le secrétaire d’État américain à l’Énergie, Ernest Moniz en visite à Alger le 1er juin. Mais les groupes français sont aussi sur les rangs : « Nous prenons acte de la loi et nous étudions la possibilité de chercher ou d’exploiter les gaz non conventionnels en Algérie », indique un porte-parole de GDF Suez.
Une véritable aubaine, pour des groupes à la recherche de sources d’énergies capables de remplacer le pétrole. Le seul problème, c’est que, pour le moment, les méthodes d’exploitations sont extrêmement polluantes, et pire, elles ne sont pas rentables ! Il faut donc en expérimenter de nouvelles, dans les conditions les moins coûteuses et avec le moins de contraintes écologiques, donc le moins de contrôle démocratique possible. D’où l’Algérie, pays dans lequel, en plus de l’oppression coloniale, la France a une vieille tradition de champ d’expérimentation – nucléaire – au coût incalculable pour l’environnement et les populations 50 ans plus tard !
Cathy Billard