Les derniers résultats électoraux d’octobre 2023 dans les Länder de Bavière et de Hesse confirment la tendance à la hausse du parti populiste de droite et, dans une large mesure, d’extrême droite AfD (Alternative pour l’Allemagne).
L’AfD est certes (encore !) rejetée par les autres partis comme partenaire de coalition potentiel, mais cela ne diminue en rien son poids dans la politique allemande, bien au contraire. Il se présente comme une alternative aux « vieux partis », « responsables de la crise économique », et se comporte comme le parti des petites gens. Sa « recette du succès » est claire : il incarne comme aucun autre parti le leitmotiv de l’ordre social capitaliste : l’égoïsme et la fermeture aux « autres », notamment aux réfugiéEs. Comme il n’existe aujourd’hui en Allemagne aucune force significative de lutte de classes, elle parvient à convaincre de nombreuses personnes de cette perspective réactionnaire.
La hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, en particulier, touche très durement les couches les plus défavorisées. Les mesures de protection du climat doivent également être supportées en grande partie par la masse de la population. C’est pourquoi, chez les collègues moins conscients, l’agitation de la peur, avec laquelle travaille l’AfD, a ses effets. Ce qui est dévastateur, c’est que de nombreux syndicalistes sont particulièrement vulnérables. Ainsi, l’AfD a obtenu 18,4 % des voix en Hesse et 21 % parmi les syndicalistes. En Bavière, 14,6 % ont voté pour l’AfD, mais 18 % des membres des syndicats. La situation était déjà similaire lors des élections fédérales de 2021 : 10,3¿% en général et 12,2 % chez les membres des syndicats.
L’AfD pousse la politique gouvernementale vers la droite
Comme l’AfD représente le plus systématiquement le mode d’existence capitaliste, les autres partis subissent une pression permanente pour ne pas apparaître comme des faibles et des ratés qui pénalisent leur « propre population » au profit des « étrangers ». Mais l’AfD ne s’oppose pas seulement aux « étrangers » (aux migrants), mais aussi à l’augmentation drastique des dépenses d’armement avec la guerre en Ukraine et aux sanctions contre la Russie, jugées responsables de l’énorme hausse des prix (ce qui est même vrai dans une certaine mesure).
L’AfD pousse donc le gouvernement à la fuite en avant. Même les chrétiens-démocrates ne peuvent guère profiter de la faiblesse générale du gouvernement. Ils font en effet trop partie du système, qui n’est plus crédible aux yeux d’une grande partie de la population. Il n’y a pas d’alternative de classe, car les syndicats sont eux aussi trop intégré dans le système.
Le gouvernement durcit la politique d’asile
Même le renforcement des contrôles aux frontières ne peut pas stopper l’immigration et de véritables fermetures de frontières seraient trop en contradiction avec les intérêts économiques du capital (pas seulement en Allemagne). Il reste donc deux axes : la négociation d’accords de rapatriement avec des pays comme le Maroc et un durcissement supplémentaire des conditions de vie des migrantEs ici dans le pays. Mais même cette politique inhumaine (et l’emprisonnement des personnes qui doivent être expulsées pendant 28 jours) ne réduira pas la pression migratoire (la situation dans tous les pays d’origine est trop catastrophique pour cela). Ainsi, le thème de la « fermeture du pays aux réfugiés » restera un thème central de la politique allemande et sera utilisé par l’extrême droite pour faire évoluer le climat politique vers la droite.